Le Journal de Montreal - Weekend

INCURSION DANS L’ART DE LA DANSE

Juge à l’émission de danse Révolution — l’une des plus populaires du Québec — la danseuse, chorégraph­e et metteuse en scène Lydia Bouchard propose une incursion intime dans l’univers des danseurs étoiles dans son premier roman, S’envoler, presque. Lyrique

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Lou, jeune héroïne qui ne vit que pour danser, est prête à tout pour sa carrière. De la France au Proche-Orient, elle voit passer les maîtres intransige­ants, les studios, les auditions éprouvante­s, les partenaire­s pas toujours agréables et… plusieurs situations passionnan­tes.

À travers ce personnage, Lydia Bouchard montre les coulisses d’un art difficile et peu reconnu, où il y a beaucoup d’appelés et bien peu d’élus.

Elle montre aussi ce que représente le passage à l’âge adulte pour des danseuses étoiles, jeunes femmes à la fois fortes et fragiles, soumises à de nombreuses contrainte­s.

Lire le point de vue d’une réelle ballerine, plutôt que la vision imaginée par un auteur qui n’a jamais fréquenté le milieu, est assez fascinant.

« Il y a quantité de détails et de sensations qui ne peuvent pas être expliqués si on ne les a pas vécus », note justement Lydia Bouchard, en entrevue.

AUTOBIOGRA­PHIQUE ?

Jusqu’à quel point le roman est-il autobiogra­phique ? « Ce n’est pas autobiogra­phique parce que les aventures ne me sont pas arrivées telles quelles. En fait, les émotions m’appartienn­ent et l’histoire est inventée. »

Elle a néanmoins puisé dans des sentiments vécus, mis en scène dans un contexte différent.

« Être en audition, c’est être en audition. Être jeté, c’est être jeté. C’est dur, mais je n’ai pas voulu que ce soit alarmiste ni que ça porte sur la dureté. Je pense qu’il y a quelque chose de naïf et de beau dans cette passion où on donne tout. Il y a quelque chose de très romantique dans le choix de ce métier. »

PRENDRE UN BREAK

Les passions impliquent des risques, des hauts et des bas. « Il y a une décision de deuil de soi. Il y a des moments où le personnage principal prend carrément un break d’elle-même, un break de la danse. Elle a besoin de prendre un recul : il y a elle, la femme. Je pense que beaucoup d’entre nous l’ont vécu. »

Elle aussi. « J’ai travaillé dans un magasin de savons pendant sept, huit mois, toute seule, à mettre ma musique, à ne pas aller en classe. J’ai fait une écoeuranti­te : plus capable de mettre un pas devant l’autre. Jusqu’à ce que je retrouve le bonheur de danser. Vraiment. »

Elle attribue cela à quoi ? « Il y a la question de toujours devoir être parfait, de toujours devoir être performant, alors que la performanc­e, comme dans toutes les sphères, c’est des saisons. On est prolifique, ensuite on entre en dormance, et après on redevient fertile. Il y a un cycle à tout cela, et ça demande d’être tout le temps humble. C’est beaucoup de pression. »

PROBLÈMES DE POIDS

Lydia Bouchard dit que ce livre ne traite pas de cela, mais affirme qu’il y a beaucoup de problèmes liés au poids et à l’alimentati­on qui viennent avec la danse.

« On en parle de plus en plus. Mais à l’époque où moi j’ai eu besoin d’un bon break, c’est qu’il y avait beaucoup de pression pour que je perde du poids, et je n’étais plus capable de supporter cette pression, et ce que ça comportait de ne pas manger. Ça m’a fait énormément de bien de prendre une pause. Quand tu te dis : mon Dieu, mes boucles d’oreilles sont lourdes… c’est que ça suffit. »

√ Lydia Bouchard est danseuse, metteuse en scène, chorégraph­e, artiste et mère de trois enfants.

√ Elle a chorégraph­ié plusieurs spectacles pour le Cirque du Soleil.

√ Elle est l’un des quatre « maîtres » de la compétitio­n dans l’émission de danse Révolution, diffusée à TVA. √ Elle travaille la scénograph­ie du nouveau spectacle du Cirque du Soleil, qui sera présenté à Trois-Rivières. √ D’autres projets sont en préparatio­n.

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PHOTO CHANTAL POIRIER LYDIA BOUCHARD — S’ENVOLER, PRESQUE

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