Le Journal de Montreal - Weekend
LE SORT D’UNE CARTOMANCIENNE
Ruth Ware – La mort de Mrs. Westaway
Endettée jusqu’au cou, Harriet Westaway gagne sa vie comme elle peut en tirant les cartes pour prédire l’avenir. Lorsqu’elle reçoit une lettre lui annonçant un héritage provenant de sa grand-mère, elle s’imagine que tous ses soucis vont s’envoler. Avec brio, l’écrivaine britannique Ruth Ware montre que certains secrets sont dangereux dans son nouveau suspense, La mort de Mrs. Westaway.
Ruth Ware, considérée comme une des nouvelles reines du suspense psychologique féminin au Royaume-Uni, s’est beaucoup intéressée aux cartes, au tarot et à l’univers mystérieux des cartomanciennes pour écrire ce roman, sombre à souhait.
« Mes deux premiers romans ont mis en scène une jeune femme bien ordinaire, qui a la malchance d’être au mauvais endroit, au mauvais moment. Après avoir fait cela, j’ai voulu écrire quelque chose de complètement différent, où le personnage est à l’origine du crime », explique-t-elle en entrevue.
« Je voulais que le personnage principal soit une sorte d’antihéros, mais plus j’écrivais sur elle, plus je l’aimais », dit-elle au sujet de cette jeune femme qui comprend vite ne pas être la réelle destinataire de l’héritage.
« Elle a commencé par être une personne moralement ambiguë, qui se mêle de l’héritage d’une famille innocente. Mais plus j’ai découvert sa personnalité, plus je me suis mise à formuler des excuses pour elle, des raisons qui justifient son comportement. »
ANTIHÉROÏNE
L’écrivaine note que le personnage de Harriet était, au départ, une sorte d’antihéroïne. « Je l’adore. Et j’ai particulièrement aimé écrire au sujet de ses séances de tarot. Au début, j’ai pensé en faire un faux médium, mais ça me semblait trop manipulateur. »
Un livre l’a éclairée. « J’ai lu Tricks of the Mind, de Darren Brown, qui parle du concept de lecture “à froid”, une technique utilisée par les médiums pour trouver des informations au sujet de leurs clients, de telle sorte qu’ils ont l’air de les avoir perçus de manière surnaturelle. Je trouvais cela parfait pour mon personnage. »
Toutefois, Ruth Ware n’avait pas prévu que le sujet des cartes et du tarot allait devenir aussi intéressant.
« Quand j’ai commencé à écrire, je ne croyais pas du tout au tarot. Je suis une personne très sceptique. Mais plus je lisais sur le sujet, plus je m’y
intéressais. »
SE POSER DES QUESTIONS
Elle ne considère toujours pas qu’il y a des pouvoirs magiques derrière ces cartes symboliques, mais trouve que le tarot est un outil extraordinaire pour se poser des questions, pour chercher des indices psychologiques en soi ou chez les autres.
« En écrivant, j’ai souvent commencé mes journées d’écriture en utilisant le tarot : les cartes nous révèlent souvent ce qui nous inquiète, intérieurement, nos préoccupations. J’ai adoré explorer cela. »
■ L’écrivaine britannique Ruth Ware fait partie des nouvelles reines du suspense psychologique féminin.
■ Ses romans sont traduits dans 40 langues et vendus à plus de 4 millions d’exemplaires.