Le Journal de Montreal - Weekend
GABRIEL MATZNEFF, UN ÉCRIVAIN PARTICULIÈREMENT TOXIQUE
Depuis quelques semaines, c’est le livre dont tout le monde parle. Et avec tout ce qu’il dénonce, on ne peut faire autrement que de s’en réjouir.
Comment pareille chose a-t-elle pu se produire sans que personne réagisse ? Depuis la sortie de ce livre autobiographique, qui dénonce haut et fort les terribles déviances de l’écrivain français Gabriel Matzneff, c’est la question qu’on se pose tous.
Alors qu’elle venait à peine de célébrer ses 14 ans, Vanessa Springora, qui est maintenant à la tête des Éditions Julliard, a en effet commencé à fréquenter cet éminent homme de lettres.
Il avait à l’époque 50 ans et autour de lui, tout le monde savait qu’il avait toujours eu un faible pour les jeunes filles vierges ou les garçons imberbes de 11-12 ans. Bref, qu’il était pédophile. Et que pour satisfaire ses besoins, il n’hésitait pas à partir régulièrement aux Philippines, où les petits garçons prêts à contenter les vieux messieurs en son genre ne manquaient pas.
SORTIR DE L’OMBRE
Pour nous aider à comprendre comment une mère a pu livrer sa fille adolescente aux mains d’un tel monstre ou comment le milieu littéraire des années 1970-1990 a pu ouvertement cautionner les travers de Matzneff (en 1977, une lettre ouverte de dépénalisation des relations sexuelles entre adultes et mineurs a même été signée par de nombreux intellectuels de gauche !), Vanessa Springora revient avec pudeur sur sa jeunesse volée. Car dès que la petite V. laissera entrer G. dans sa vie, jamais elle ne pourra échapper à l’engrenage qui ne tardera pas à la broyer.
Une lecture qui secoue, la notion de victime consentante méritant sérieusement d’être revue lorsque ladite victime n’est encore qu’une enfant.