Le Journal de Montreal - Weekend
UNE SAISON « SANS COMPROMIS »
L’Orchestre Métropolitain (OM) fêtera ses 40 ans au cours de la saison 2020-2021. Son directeur artistique et chef principal, Yannick Nézet-Séguin, a donc élaboré un programme riche en émotion.
Beethoven, Brahms, Mendelssohn... M. Nézet-Séguin, la programmation de votre 40e saison est costaude. Comment la qualifiez-vous ?
C’est une saison exceptionnelle et sans compromis ! L’Orchestre Métropolitain a vraiment atteint de grands sommets musicaux au cours des dernières années, en s’affirmant comme ensemble fièrement montréalais qui rayonne à l’international, mais qui chérit sa mission première : célébrer la musique classique en restant près de son public. J’ai vraiment voulu que cette saison soit festive et grandiose, à la hauteur du registre de l’orchestre, avec des oeuvres phares et d’autres qui seront des découvertes, mais toujours dans l’émotion, la force, la beauté et la subtilité qu’offre le répertoire symphonique.
Vous avez une ouverture avec 100 musiciens et une clôture avec quatre concerts en trois jours... Qu’est-ce qui vous a inspiré pour ces rendez-vous ?
L’OM fête ses quarante ans ; j’ai voulu marquer le coup avec une ouverture magistrale. La Symphonie tragique de Mahler est immensément bouleversante. Nous voulons amener le public à vivre de grandes émotions. Je suis aussi très heureux de présenter ce concert à l’église Sainte-Claire, dans Mercier-HochelagaMaisonneuve, la veille de notre concert à la Maison symphonique. C’est important qu’on envoie un message à notre public que la musique classique avec l’Orchestre Métropolitain n’est pas réservée à une élite. On joue dans tous les quartiers de Montréal depuis plus de 30 ans. Je dirigerai d’ailleurs quatre concerts dans des arrondissements cette saison, parmi les 17 qui seront présentés par l’OM dans les divers quartiers de Montréal. Faire vivre la musique, c’est notre raison d’être ! Notre finale de saison sera également grandiose, avec les neuf symphonies de Beethoven dans un marathon de trois jours.
Quatre des cinq chefs invités cette saison sont des femmes. Était-ce une priorité pour vous ?
Oui, c’était un choix réfléchi d’inviter autant de femmes chefs pour diriger les concerts de l’Orchestre Métropolitain. Nous le faisons aussi dans la saison en cours. Chaque artiste dans notre programmation est mis en lumière pour son talent, pour sa vision, pour ce qu’il ou elle peut apporter au public et à l’orchestre. Des femmes de grand talent, j’en côtoie tous les jours dans mon métier. Durant des siècles, les femmes ne pouvaient pas diriger les orchestres, les musiciennes n’étaient pas assez reconnues et les oeuvres des compositrices n’étaient que très peu programmées. Par chance, cette époque est en partie révolue, mais ces années ont encore des répercussions aujourd’hui. Je pense que ceux qui décident de la programmation musicale en général ont un rôle à jouer pour renverser la tendance et présenter davantage de femmes pour rééquilibrer l’écart historique. J’ai choisi des femmes de grand talent ; les chefs Gemma New, JoAnn Falletta, Simone Young et Nathalie Stutzmann dirigeront l’Orchestre Métropolitain à Montréal la saison prochaine.
Sur les 15 programmes de la saison, vous avez choisi d’en diriger neuf. Lesquels vous stimulent le plus ?
Je suis heureux de diriger autant de concerts la saison prochaine. J’aime tellement tous les programmes que j’aurais voulu tous les diriger ! [...] Les grands rendez-vous en compagnie du Choeur Métropolitain me stimulent particulièrement. Nous présenterons
Elias de Mendelssohn, probablement l’une des oeuvres chorales les plus ambitieuses, dont l’ampleur est comparable au Messie de Haendel, que le public connaît bien. Ce sera décuplé par le talent extraordinaire des solistes invités qui prêteront leurs voix à cette oeuvre (Lucy Crowe, Karen Cargill, Andrew Staples et John Relyea). Le Requiem allemand de Brahms, une autre oeuvre chorale, promet d’être un moment inoubliable. Brahms est l’un de mes compositeurs préférés depuis toujours. Ce concert saura conquérir le public. Bien que ce soit une messe pour les défunts, cette oeuvre est lumineuse, avec beaucoup de beauté, d’espoir et de sérénité. C’est un chef-d’oeuvre universel qui fait l’unanimité partout.