Le Journal de Montreal - Weekend

LA MÉMOIRE D’UNE VIE

Rémy Girard n’a pas eu à chercher très loin pour trouver une inspiratio­n pour le personnage de professeur d’histoire atteint d’Alzheimer qu’il joue dans le film Tu te souviendra­s de moi. Son père a lui-même souffert d’une maladie semblable avant de mouri

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

« Ce que le personnage du film doit vivre, j’en ai été témoin quand j’ai vu mon père dépérir à cause de la maladie », explique Rémy Girard en entrevue.

« Évidemment, ce n’est pas mon père que je joue dans le film. Mais j’ai été inspiré par ses réactions face à la maladie. J’avais pu voir à quel point, en une fraction de seconde, sa mémoire pouvait flancher. Il pouvait avoir des moments très lucides. Mais quelques secondes plus tard, il pouvait oublier ce qu’il venait de dire et ne pas savoir où il était. C’était très difficile de le voir perdre son intelligen­ce tout à coup. » Nouveau long métrage d’Éric Tessier

(Junior Majeur) adapté de la pièce du même titre de François Archambaul­t,

Tu te souviendra­s de moi met en scène Édouard (Rémy Girard), un professeur d’histoire aux prises avec des problèmes de mémoire à cause de la maladie d’Alzheimer. Alors que sa femme (France Castel) est épuisée de devoir s’occuper de lui et que sa fille (Julie Le Breton) est trop occupée par son travail, son beau-fils (David Boutin) proposera à sa fille Bérénice (Karelle Tremblay) de veiller sur lui. Contre toute attente, Édouard s’attachera à cette jeune fille frondeuse qui fera resurgir en lui de vieux souvenirs qu’il souhaitait oublier.

« Ces deux-là ne sont pas faits pour aller ensemble au début, lance en riant Rémy Girard. Ça donne des moments touchants, mais parfois très drôles aussi. »

DES PLANCHES À L’ÉCRAN

C’est pendant qu’il tournait la série O’ que le réalisateu­r Éric Tessier a pris connaissan­ce de la pièce Tu te souviendra­s de moi.

« Un matin, Guy Nadon m’a dit qu’il allait jouer dans une pièce extraordin­aire qui met en scène un historien qui perd la mémoire. J’ai adoré l’idée et j’ai voulu en savoir plus. Il m’a envoyé le texte et je me souviens l’avoir lu dans un avion et m’être mis à pleurer. J’ai été bouleversé. Je me suis dit : il faut que je partage cette histoire. Et moi, ma manière de partager, c’est de faire des films. »

Montée en 2014 au Théâtre La Licorne, la pièce, qui mettait donc en vedette Guy Nadon dans le rôle principal, a connu un beau succès populaire et critique. Éric Tessier aurait voulu que Nadon reprenne le personnage d’Édouard dans son film, mais son horaire ne le permettait pas.

L’idée de Tu te souviendra­s de moi a mijoté longtemps dans la tête du dramaturge François Archambaul­t (La

société des loisirs) : « Je connaissai­s un proche, le père de ma blonde, qui était atteint de la maladie, relate-t-il. J’ai vu comment ça se développai­t et les situations que ça créait. J’avais envie d’écrire là-dessus parce que ça venait me chercher, mais en même temps, par pudeur, je n’osais pas plonger. À un moment donné, ma blonde m’a dit : vas-y donc, fais-le.

« Ça n’a pas été simple parce que je cherchais une façon d’écrire une histoire qui ne soit pas seulement sur la maladie. J’ai eu le flash que le personnage atteint d’Alzheimer pourrait être un historien. Je trouvais que ça ouvrait la porte pour parler de la mémoire individuel­le, mais aussi de la mémoire collective. Parce que j’aime que les histoires que je raconte s’inscrivent aussi dans la grande Histoire. »

TROUVER LA LUMIÈRE

Tant pour François Archambaul­t que pour Éric Tessier, il était primordial de raconter cette histoire avec une certaine touche d’humour : « Quand j’ai commencé à écrire la pièce, je me suis dit : c’est une maladie dégénérati­ve sans espoir, comment faire pour raconter une histoire là-dessus sans assommer les spectateur­s. C’était très important pour moi qu’il y ait de la lumière et de l’humour. Il fallait trouver le bon ton pour ne pas que ça devienne mélodramat­ique. Parce qu’il y a des situations drôles dans la vie avec cette maladie-là. Mais pour moi, la lumière vient de la rencontre avec cette jeune fille qui lui permet de régler quelque chose qu’il n’avait pas encore réglé. »

« Ce n’est pas un film sur l’Alzheimer, insiste quant à lui Éric Tessier. La maladie dans le film est un prétexte pour parler de la mémoire et la décliner dans toutes ses formes et ses niveaux. Cette histoire peut être vue comme une tragédie mais j’ai voulu en faire un film lumineux. »

Tu te souviendra­s de moi prend

l’affiche le 20 mars.

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Rémy Girard et Karelle Tremblay dans le film Tu te souviendra­s de moi.
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