Le Journal de Montreal - Weekend
TROUBLANT ET DÉRANGEANT
Avec Les nôtres, la cinéaste Jeanne Leblanc signe un drame psychologique troublant et dérangeant qui nous habite longtemps.
Campé dans le village fictif de Sainte-Adeline, une petite communauté qui tente difficilement de se remettre d’une tragédie, le drame Les nôtres suit le destin de Magalie (Émile Bierre), une adolescente de 13 ans qui porte un lourd secret. Mais que s’est-il passé pour que cette jeune fille que tout le monde adore ait commis un geste qui vient bouleverser tout son entourage ? Il règne un climat lourd et malsain dans ce drame teinté de mystère et de suspense. Le spectateur comprend assez rapidement ce qui est arrivé à Magalie, mais demeure tout de même captivé par cette intrigue mise en scène de façon habile et subtile. La réalisatrice Jeanne Leblanc (Isla
Blanca) a fait un beau travail pour installer une ambiance mystérieuse et inquiétante en s’appuyant beaucoup sur les silences et le non-dit. On découvre une communauté tissée serrée qui
préfère s’enfermer dans le déni plutôt que d’affronter la vérité. La scène finale du film, troublante à souhait, en dit long sur la capacité de l’être humain de se fermer volontairement les yeux pour rester dans le confort. Elle ne laissera personne indifférent.
Portant le film sur ses épaules, la jeune Émilie Bierre (Une colonie, Les
beaux malaises) brille dans la peau de cette adolescente déchirée qui porte en elle une immense souffrance intérieure. Elle impressionne par la justesse et la maturité de son jeu.
Autour d’elle, on retiendra aussi les performances de Marianne Farley, émouvante dans le rôle de la mère de Magalie, et de Paul Doucet, solide sous les traits du maire du village, qui semble avoir des choses à cacher.