Le Journal de Montreal - Weekend

REBECCA SOUFFLE SES 80 BOUGIES

Comme tout film d’Alfred Hitchcock, Rebecca possède son lot d’histoires méconnues. Voici donc des faits amusants pour fêter les 80 ans de ce classique, présenté pour la première fois le 21 mars 1940 sur les écrans américains.

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Parce qu’il connaissai­t son père, Alfred Hitchcock avait lu les premières épreuves du roman Rebecca de Daphne du Maurier, paru en 1938, et s’était montré intéressé à l’adapter. Malheureus­ement, les droits coûtaient trop cher – le roman est un « best-seller » depuis sa parution – alors il avait vite renoncé.

Le producteur David O. Selznick (Autant en emporte le vent) s’en empare et propose à Hitchcock de réaliser le long métrage, ce que le Britanniqu­e, qui n’a jamais tourné à Hollywood, accepte immédiatem­ent. Il se penche sur le scénario avec Michael Hogan puis avec Joan Harrison, sa secrétaire, et livre le résultat au producteur en 1939.

Selznick se déclare « choqué et déçu » dans une longue missive en raison des libertés prises avec le roman ainsi que de la propension d’Hitchcock à ajouter des touches d’humour. Le producteur engage alors Robert E. Sherwood pour effectuer des changement­s, le plus notable étant la fin, puisque celle du roman – le fait que Maxim de Winter a tué sa première femme – est inacceptab­le en vertu du code Hays, qui stipule qu’un meurtre ne peut demeurer impuni.

LA TOUCHE HITCHCOCK

Le choix des acteurs est également l’occasion d’un bras de fer entre le producteur et son réalisateu­r. David O. Selznick veut absolument Olivia de Havilland (la Melanie d’Autant en emporte le vent) pour tenir le rôle de la seconde madame Winter. Mais l’actrice est en préparatio­n d’un autre projet et les studios n’ont pas envie de la prêter.

De plus, elle ne souhaite pas avoir le rôle puisque sa soeur, Joan Fontaine, s’est montrée intéressée. Loretta Young, Anne Baxter, Vivien Leigh (Scarlett dans Autant en emporte le vent) et Anita Louise sont pressentie­s, mais le « casting » perdure. Finalement, David O. Selznick embauche Joan Fontaine malgré les réserves de l’équipe, qui estime qu’elle n’est pas assez connue.

Dès les premiers tours de manivelle de ce film en noir et blanc – Alfred Hitchcock a insisté pour se priver de couleur afin de rendre l’atmosphère lugubre du roman –, Laurence Olivier, choisi pour incarner Maxim de Winter, traite Joan Fontaine de manière atroce. C’est que, marié à Vivien Leigh, il souhaitait que sa femme obtienne le rôle ! Hitchcock, fidèle à ses habitudes, profite de la situation et en rajoute. En effet, il raconte à Joan Fontaine que tout le monde la déteste sur le plateau, ce qui provoque un malaise chez l’actrice, qui adopte alors une attitude timide, parfaite pour le rôle.

David O. Selznick se mêle de tout – Hitchcock devra tourner plusieurs scènes lors de la postproduc­tion –, mais le cinéaste trouve rapidement une parade. Afin d’empêcher que le producteur massacre Rebecca au montage, il utilise la méthode dite du tourné-monté pour bon nombre de scènes.

Rebecca remporte un immense succès en salle – engrange l’équivalent de 109 millions $ US au box-office – et obtient 11 nomination­s aux Oscars. Malheureus­ement, Hitchcock ne repart pas avec la statuette du meilleur réalisateu­r – qu’il ne gagnera jamais, d’ailleurs ! – et le long métrage déroche deux prix, soit celui du meilleur film et celui de la meilleure direction de la photograph­ie.

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REBECCA
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Le film met en scène Laurence Olivier et Joan Fontaine.
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