Le Journal de Montreal - Weekend
THE STROKES RÉSUME BIEN 2020 AVEC SON NOUVEL ALBUM
Soyons sincères : dans le classement des emplois essentiels en ces temps de pandémie, chroniqueur musical ne serait même pas considéré dans le recensement.
On ne va pas se leurrer : livrer cette vitrine hebdomadaire alors que des lecteurs s’en font pour leurs familles, leurs finances, leur santé et j’en passe est un exercice de modestie. Mince consolation : les oeuvres abordées ici, elles, peuvent avoir l’effet d’un baume auprès de certain(e)s mélomanes et c’est tant mieux ainsi.
Ceci étant dit, et au risque d’être vache, ce qui résonne le plus de ce sixième album du groupe séminal de la fameuse mouvance indie rock, c’est son titre. « Le nouvel anormal », un jeu de mots déviant l’expression « the new normal » où une situation extraordinaire devient routinière.
Outre ces quelques mots cernant 2020 avec une précision chirurgicale, le combo rompt un silence de sept années pour proposer un LP qui pourrait avoir été enregistré alors que le légendaire producteur Rick Rubin menace le projet de sévices quelconques.
Bref, le coeur ne semble pas y être.
ROCK N’ MOU
L’extrait The Adults Are Talking, qui ouvre le bal, fait écho au single Reptilia (2003) bien malgré lui… ou, du moins, à une version incroyablement molle de celui-ci.
Heureusement, Julian Casablancas et sa bande s’ajustent au fil de l’album. Bad Decision, qui arrive en mi-parcours, plaira aux fans d’I Melt With You (1982) de Modern English, injecte finalement un peu de vie dans The New Abnormal.
Outre ces retrouvailles avec un projet un brin sur le pilote automatique, on retient justement moult clins d’oeil au rock alternatif des années 80. La très fromagée Brooklyn Bridge To Chorus, par exemple, rejoindra tout particulièrement les nostalgiques de Bizarre Love Triangle de New Order.
Sans être une immondice, on s’attendait à beaucoup mieux d’une collaboration entre The Strokes et Rick Rubin. Beaucoup, beaucoup mieux, même.