Le Journal de Montreal - Weekend
MUSIQUE TERRITOIRES NOUVEAUX
Pour son cinquième album, Catherine Major avait envie de changement. Exit les habituelles compositions au piano, l’auteure-compositrice a opté pour des sonorités électro-orchestrales. Sur Carte mère, elle propose ainsi un album aux arrangements élaborés et à la facture plutôt dynamique. Le Journal s’est entretenu avec elle. Comment est-ce de lancer un album en plein confinement ?
« C’est particulier ! Ce n’est pas du tout habituel, évidemment. En même temps, ça fait du bien de le faire quand même, parce qu’on a hésité à le remettre à l’automne. Mais on a gardé la date de sortie du 15 mai. L’album ne sortira pas de façon physique, mais au moins, on le lance de façon numérique. Ce n’est pas évident et il y a beaucoup de choses à préparer. En plus, j’ai quatre enfants à la maison… (rires) »
Quel âge ont-ils ?
« Dix ans, six ans, trois ans et dix mois ! Ça fait beaucoup de gestion entre le bébé et l’école à la maison. Et il y a aussi celui qui va à la garderie normalement. C’est beaucoup de gestion d’horaire, mais en même temps, tout ça est magique. Il faut le prendre de façon positive. On est chanceux, on habite à la campagne, on a de l’espace. Si on était en ville comme avant, avec quatre enfants, ce serait l’enfer. »
Sur ton album, on remarque que tu as délaissé ton habituel piano pour un clavier d’ordi. Pourquoi ce changement ?
« J’avais le goût d’avoir certains beats dans mes affaires. Je ne voulais pas commencer mes chansons à partir du piano. Je voulais essayer de me lancer avec l’ordi et être autonome, sans réalisateur. C’est ce que j’ai fait. Je suis partie de la musique, j’ai arrangé et composé les mélodies. Et après, je les ai données à mon chum [Jeff Moran], qui est un auteur fabuleux. Il a tout mis en mots, sauf une chanson, que j’ai faite moi-même. »
Combien d’albums ton conjoint a-t-il faits avec toi ?
« C’est son troisième album. Les autres, il a écrit les deux tiers des chansons. Là, c’était les trois quarts ! On a aussi travaillé différemment. Je lui ai envoyé une commande avec la mélodie déjà chantée avec des onomatopées pour chaque pièce. Ça lui a imposé un canevas avec des accents toniques déjà en place. Il a respecté ça au poil ! Il écrit super bien. Je suis très impressionnée par ce qu’il écrit. Je trouve que c’est le meilleur auteur. »
L’album comprend la participation du Bratislava Symphony Orchestra. De quelle façon cet orchestre est-il arrivé dans le projet ?
« On voulait un orchestre symphonique. En prendre un chez nous [au Québec], ç’aurait été idéal. Mais c’était beaucoup trop cher… C’est malheureux parce qu’ils ont des conventions ici, ils sont syndiqués. C’est correct, mais ce n’est pas abordable. En Slovaquie, ils sont habitués à faire ça, ils font des sessions partout dans le monde. Ça coûte entre le tiers et la moitié du prix de ce que ça aurait coûté ici ! »
Comment avez-vous travaillé avec eux ?
« On devait choisir la salle, le nombre de musiciens, les sections, et il fallait ensuite écrire les partitions. [...] On a fait l’enregistrement durant quatre heures par Skype le 15 décembre ! On était trois en studio ici. Il y avait Antoine Gratton, qui a travaillé avec moi, un ingénieur du son et moi. On dirigeait le chef à distance, qui dirigeait les musiciens là-bas ! Ç’a été un moment vraiment excitant. »
Tu devais présenter ton nouveau spectacle le mois prochain aux Francos. Tout a été annulé en raison de la pandémie. Comment vois-tu la prochaine année pour les spectacles ?
« Je trouve ça assez angoissant en ce moment. Je ne pense pas juste à moi, mais aux salles de spectacles et au travail de tous ces gens-là. J’espère que la culture ne sera pas mise de côté. »
Le nouvel album de Catherine Major, Carte mère, est présentement sur le marché. Pour plus d’infos : catherinemajor.com.