Le Journal de Montreal - Weekend

MUSIQUE TERRITOIRE­S NOUVEAUX

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN

Pour son cinquième album, Catherine Major avait envie de changement. Exit les habituelle­s compositio­ns au piano, l’auteure-compositri­ce a opté pour des sonorités électro-orchestral­es. Sur Carte mère, elle propose ainsi un album aux arrangemen­ts élaborés et à la facture plutôt dynamique. Le Journal s’est entretenu avec elle. Comment est-ce de lancer un album en plein confinemen­t ?

« C’est particulie­r ! Ce n’est pas du tout habituel, évidemment. En même temps, ça fait du bien de le faire quand même, parce qu’on a hésité à le remettre à l’automne. Mais on a gardé la date de sortie du 15 mai. L’album ne sortira pas de façon physique, mais au moins, on le lance de façon numérique. Ce n’est pas évident et il y a beaucoup de choses à préparer. En plus, j’ai quatre enfants à la maison… (rires) »

Quel âge ont-ils ?

« Dix ans, six ans, trois ans et dix mois ! Ça fait beaucoup de gestion entre le bébé et l’école à la maison. Et il y a aussi celui qui va à la garderie normalemen­t. C’est beaucoup de gestion d’horaire, mais en même temps, tout ça est magique. Il faut le prendre de façon positive. On est chanceux, on habite à la campagne, on a de l’espace. Si on était en ville comme avant, avec quatre enfants, ce serait l’enfer. »

Sur ton album, on remarque que tu as délaissé ton habituel piano pour un clavier d’ordi. Pourquoi ce changement ?

« J’avais le goût d’avoir certains beats dans mes affaires. Je ne voulais pas commencer mes chansons à partir du piano. Je voulais essayer de me lancer avec l’ordi et être autonome, sans réalisateu­r. C’est ce que j’ai fait. Je suis partie de la musique, j’ai arrangé et composé les mélodies. Et après, je les ai données à mon chum [Jeff Moran], qui est un auteur fabuleux. Il a tout mis en mots, sauf une chanson, que j’ai faite moi-même. »

Combien d’albums ton conjoint a-t-il faits avec toi ?

« C’est son troisième album. Les autres, il a écrit les deux tiers des chansons. Là, c’était les trois quarts ! On a aussi travaillé différemme­nt. Je lui ai envoyé une commande avec la mélodie déjà chantée avec des onomatopée­s pour chaque pièce. Ça lui a imposé un canevas avec des accents toniques déjà en place. Il a respecté ça au poil ! Il écrit super bien. Je suis très impression­née par ce qu’il écrit. Je trouve que c’est le meilleur auteur. »

L’album comprend la participat­ion du Bratislava Symphony Orchestra. De quelle façon cet orchestre est-il arrivé dans le projet ?

« On voulait un orchestre symphoniqu­e. En prendre un chez nous [au Québec], ç’aurait été idéal. Mais c’était beaucoup trop cher… C’est malheureux parce qu’ils ont des convention­s ici, ils sont syndiqués. C’est correct, mais ce n’est pas abordable. En Slovaquie, ils sont habitués à faire ça, ils font des sessions partout dans le monde. Ça coûte entre le tiers et la moitié du prix de ce que ça aurait coûté ici ! »

Comment avez-vous travaillé avec eux ?

« On devait choisir la salle, le nombre de musiciens, les sections, et il fallait ensuite écrire les partitions. [...] On a fait l’enregistre­ment durant quatre heures par Skype le 15 décembre ! On était trois en studio ici. Il y avait Antoine Gratton, qui a travaillé avec moi, un ingénieur du son et moi. On dirigeait le chef à distance, qui dirigeait les musiciens là-bas ! Ç’a été un moment vraiment excitant. »

Tu devais présenter ton nouveau spectacle le mois prochain aux Francos. Tout a été annulé en raison de la pandémie. Comment vois-tu la prochaine année pour les spectacles ?

« Je trouve ça assez angoissant en ce moment. Je ne pense pas juste à moi, mais aux salles de spectacles et au travail de tous ces gens-là. J’espère que la culture ne sera pas mise de côté. »

Le nouvel album de Catherine Major, Carte mère, est présenteme­nt sur le marché. Pour plus d’infos : catherinem­ajor.com.

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CATHERINE MAJOR
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