Le Journal de Montreal - Weekend
ENTRE LES COEURS
Même si la période de confinement et le stress du coronavirus ont changé les dynamiques de couple et les stratégies de rencontres amoureuses, la sexologue Louise Sigouin voit du positif dans toute cette affaire. Elle constate que les vraies conversations
Auteure du livre Si on s’aimait, coécrit avec François De Falkensteen, Louise Sigouin confirme que le confinement lié à la COVID-19 a eu toutes sortes d’effets dans la dynamique des couples. « C’est clair que ceux qui avaient déjà un tempérament explosif… ça a explosé dans les 24 premières heures », commente la star de la docu-réalité Si on s’aimait, diffusée sur TVA.
Mais il y a de belles surprises, comme elle a pu le constater au fil de ses consultations virtuelles. « J’ai un couple en processus de divorce, très bien assumé et enclenché, et tout à coup, c’est la crise qui a mis en lumière les privilèges qu’ils avaient d’être ensemble. Ce pour quoi ils avaient mis de l’importance devenait moins prioritaire et ça a fait l’effet contraire : ça les a renoués. »
Louise Sigouin rappelle qu’il y a quatre domaines dans lesquels les couples sont susceptibles de s’accrocher et qu’ils devront affronter un jour ou l’autre : les enfants, l’argent, les tâches ménagères et la sexualité. « Le confinement a créé des situations un peu plus intenses, un peu plus alarmantes. »
Certains ont du mal avec l’insécurité financière, d’autres ont du mal à gérer leur impatience par rapport aux enfants, d’autres n’arrivaient plus à conjuguer stress et disponibilité sexuelle.
SE RETROUVER
Louise Sigouin a remarqué que plusieurs couples avaient tout de même une grande volonté de se retrouver en profondeur, d’aller au-delà de ce qu’il y a à faire, à régler, à organiser. « Les gens se demandent quelle direction ils donnent à leur relation. »
« Je dis souvent que ce qui fait obstacle à l’intimité du couple, c’est le manque de temps », note-t-elle. Or, le temps et la disponibilité ont fait en sorte que certains couples ont choisi d’aller au coeur de conversations toujours escamotées dans le passé.
En couple ou pas, jeune couple ou vieux couple, les remises en question se multiplient. « Tout le monde est invité à mettre la lumière là où ils en sont. » Mais ce n’est pas nécessairement confortable. « Tu peux choisir de te tremper tranquillement dans une piscine, mais quand tu te fais pousser, dedans, ouf ! Il y en a qui n’avaient pas envie de ça du tout. »
LES CÉLIBATAIRES
Et les célibataires ? « Ils sont découragés. Ils ne savent quand ils vont pouvoir retrouver un potentiel amoureux. Et en même temps, ils disent que ça met en lumière le fait que, dans le fond, c’est un amoureux ou une amoureuse qu’ils veulent. »
Quelles seront les règles du jeu pour les nouvelles rencontres, une fois le confinement terminé ? Dans son livre, Louise Sigouin recommande de prendre son temps avant de passer aux choses sérieuses. « Ça va dans le sens de ce que je suggère : au lieu d’être dix rencontres, ce sont 14 jours de quarantaine qui s’imposent, avant d’avoir une vraie rencontre. »
« Elle se fait après avoir eu beaucoup d’échanges Facetime, textos, téléphones, où ils ont beaucoup appris à se connaître et à être plus stimulés intellectuellement et émotivement qu’à l’habitude, où, en 24 ou 48 heures, ça vire en sextos avant de s’être rencontrés. »
Le confinement a imposé un frein aux rencontres, mais l’instigatrice de l’Approche Sigouin ajoute que « tout le monde est d’accord pour dire que ça permet d’échanger au niveau du coeur. »