Le Journal de Montreal - Weekend
LAURÉATE DU PRIX DES LIBRAIRES DU QUÉBEC
Doctorante en littérature comparée, l’écrivaine Marie-Ève Thuot vient de recevoir le prestigieux Prix des libraires du Québec pour son tout premier roman, La trajectoire des confettis. Dans cette brique de plus de 600 pages, elle décortique la vie de plusieurs personnages et transporte les héritières de familles atypiques en 2027, alors qu’il est question de l’extinction de l’humanité.
Jointe au téléphone pour une entrevue téléphonique, Marie-Ève Thuot a déclaré être agréablement surprise par ce prix. « Je suis très reconnaissante d’avoir été choisie par une majorité de libraires. »
L’écriture du premier manuscrit s’est faite en quatre mois, pendant une année de pause de l’université. « J’ai écrit 12 à 14 heures par jour. J’étais très inspirée et j’écrivais un peu les idées comme elles me venaient », commente-t-elle.
Avec ses éditeurs, le roman a été retravaillé pendant presque deux ans avant d’être publié. « Tous les personnages étaient déjà là, l’histoire aussi, mais il m’a fallu deux ans pour peaufiner mon écriture. C’était mon premier roman, donc j’avais beaucoup à apprendre avec eux. »
GRANDS THÈMES
Petit à petit, de grands thèmes ont surgi. « Après un certain temps, je me suis rendu compte que j’abordais des thèmes comme le couple, la famille, la sexualité, la procréation. Ça parle beaucoup des tabous, des conventions sociales, comment ça peut structurer nos vies, et ça parle aussi de comment les personnages arrivent à s’en défaire, ou pas. »
Une partie du roman fait un saut dans le temps, se déroulant en 2027. « Dans mon roman, les personnages sont extinctionnistes. Ce sont des personnages jeunes, à la fin de l’adolescence et au début de la vingtaine, qui militent pour l’extinction de l’espèce humaine, sur une base volontaire. Ils prônent la stérilisation de tous les êtres humains, de leur plein gré pour que l’espèce humaine se retire de la terre. »
Elle s’est inspirée des mouvements extinctionnistes qui existent vraiment pour développer ces idées. « Ça rejoint l’idée d’une fin du monde, d’une catastrophe, précise-t-elle. Souvent, ce sont des mouvements qui ont une approche extrême. »
Son roman se promène à travers les époques et il est beaucoup question de famille, de natalité, de procréation, de grossesse, d’accouchement. « Pour moi, avoir des personnages, à la fin du livre, qui sont des extinctionnistes, et qui sont un peu contre la reproduction, c’est comme une façon de développer ces mêmes thèmes, sous un autre angle. »
Elle a beaucoup aimé l’expérience. « Ces quatre mois d’écriture, c’était un moment d’euphorie dans ma vie. Tous les jours, je voyais le roman se construire devant moi. Je n’avais pas vraiment de plan, j’ai commencé à écrire sur un coup de tête. Les idées venaient et en cours d’écriture, j’étais moi-même surprise de ce qui apparaissait. J’ai beaucoup appris. Écrire, c’est une chose, mais être corrigée par deux éditeurs d’expérience, c’était encourageant. »
Marie-Ève s’est déjà lancée dans l’écriture d’un deuxième roman et La trajectoire des confettis va paraître en France cet automne, pour la rentrée littéraire. « Ça motive ! C’est irréel tout ce qui arrive, depuis quelques mois. »