Le Journal de Montreal - Weekend

UN COMÉDIEN CAMÉLÉON Une autre histoire

Il peut aussi bien camper un conjoint violent dans la dramatique qu’un homme trop gentil dans le suspense La faille ou encore un dévoué religieux dans le film d’époque Le club Vinland. Discussion avec un comédien caméléon qui se réinvente à travers chacun

- NATHALIE SLIGHT

Xavier, tu as grandi en région, n’est-ce pas ?

Oui, dans le coin de Trois-Rivières, plus précisémen­t dans le petit village de Pointedu-Lac. Comme mes deux parents étaient agronomes, devenir comédien ne m’avait jamais traversé l’esprit, jusqu’à ce que je fasse de l’improvisat­ion au secondaire. Mes amis m’ont persuadé de me présenter aux auditions pour étudier dans une école de théâtre. Je me suis dit que si je ne tentais pas ma chance, j’aurais peut-être des regrets. À ma grande surprise, j’ai été accepté dans tous les établissem­ents, alors que ce programme est très contingent­é.

Ton désir d’être acteur était-il assumé ?

Pas totalement, non. Mais le jeu est rapidement devenu une passion. Il faut dire qu’à l’École nationale de théâtre, j’ai étudié auprès d’enseignant­s incroyable­ment doués, comme André Melançon. Ce grand réalisateu­r, à qui l’on doit entre autres

La guerre des tuques, était un incroyable directeur d’acteurs. J’ai eu la chance d’être de sa dernière cohorte, juste avant qu’il prenne sa retraite, affligé par la maladie.

On t’a vu dans les deux premières saisons d’Une autre histoire, dans laquelle tu campes Ron, un homme violent. Ce personnage n’est pas très apprécié des téléspecta­teurs !

J’habite dans le quartier Hochelaga, à Montréal, et habituelle­ment, lorsque les gens m’abordent, ils sont heureux de venir jaser avec un artiste du quartier. Mais, avec Ron, c’est différent. On me dit des trucs du genre : « Je t’ai vu hier à la télé. Tu étais bon, mais… je ne t’aime pas ! » Je prends ça comme un compliment : ça veut dire que je fais bien mon travail.

Ça ne doit pas être évident de jouer des scènes de violence conjugale !

Je campe le même personnage que Vincent Graton, mais plus jeune, dans les flashback. Ron n’est pas violent juste pour être violent : il a quelque chose de brisé en lui, un trop-plein d’émotions qu’il gère tant bien que mal avec la consommati­on. Les scènes les plus difficiles à jouer sont celles où il pète sa coche devant ses enfants. De jeunes comédiens sont présents sur le plateau, ils savent que c’est « un jeu », mais je m’efforce tout de même de détendre l’atmosphère entre les prises, pour qu’ils conservent une belle expérience de tournage.

On peut te voir aussi dans La faille. Ton personnage, qui travaille au poste de police, est tellement gentil qu’il en est… inquiétant !

Tant mieux ! C’est le but, dans un drame policier : chaque personnage possède une intention cachée. Depuis ma sortie de l’École nationale de théâtre, j’ai auditionné à plusieurs reprises pour le réalisateu­r Patrice Sauvé. J’ai eu un bon nombre de « call-backs » avec lui, c’est-à-dire qu’il désirait me revoir en deuxième audition ou pour un tout autre personnage. Au fil de ces rencontres, j’ai appris ses codes, son langage… et j’ai finalement décroché le rôle d’Alain Turgeon dans La faille.

Tu es également du film

Le club Vinland, dont la sortie a toutefois été reportée...

J’ai adoré me glisser dans la peau d’un frère des années 1940 qui enseigne à de jeunes étudiants dans un collège de Charlevoix. Je ne vous cacherai pas que, lorsque j’avais des scènes avec tous les frères, soit Sébastien Ricard, Rémy Girard, François Papineau et Fabien Cloutier, j’avais des papillons dans le ventre.

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XAVIER HUARD
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