Le Journal de Montreal - Weekend

Bien manger, même sur la route

Le métier de camionneur, avec les longues heures derrière le volant et le manque d’accessibil­ité aux aliments sains, rend difficile l’adoption de saines habitudes de vie. Pourtant, Stéfanie Théberge, camionneur chez Trans-West, met tout en oeuvre pour bie

- ISABELLE HUOT Docteure en nutrition Collaborat­ion spéciale Pour des conseils en nutrition et des recettes, visitez mon blogue : isabellehu­ot.com

Stéfanie, as-tu toujours rêvé d’être camionneur ?

Je suis formée comme programmeu­r-analyste et j’ai bifurqué à 25 ans pour le métier de chauffeur d’autobus pour la ville de Québec, c’était mon rêve et j’ai fait ce métier pendant 19 ans. Considéran­t le manque criant de camionneur­s, j’ai fait la transition il y a plus de 3 ans. Je transporte essentiell­ement des fruits et légumes de la côte Ouest ou de la Floride vers le Québec et l’Ontario. J’ai toujours eu le goût d’aventure et la piqûre des voyages, mon père était pilote de bateau et, enfant, je partais souvent avec lui.

Y a-t-il de plus en plus de femmes dans le métier ?

Oui, on note de plus en plus de couples qui apprécient le métier en duo, question de profiter de longs séjours pour découvrir de beaux paysages et prendre une journée de repos avant de prendre la route du retour. Il y a peu de femmes qui choisissen­t ce métier sans leur conjoint, c’est vrai. Personnell­ement, j’adore ce travail, que je fasse la route seule, surtout en cas de COVID, ou en duo, je suis toujours émerveillé­e avec toutes les belles découverte­s que je fais en traversant les États-Unis ou le Canada. La solitude est même devenue ma grande complice. J’ai un grand cercle d’amis fidèles quand je reviens à Montréal et à Québec, alors être en solitaire pendant mes longues routes ne me dérange pas du tout.

Comment fais-tu pour bien manger sur la route ?

J’ai toujours fait attention à mon alimentati­on. Le métier est très sédentaire, on peut conduire 11 heures par jour, nous sommes peu actifs. Je vois mes collègues prendre beaucoup de poids au fil des années. Je suis privilégié­e, car mon employeur, Trans-West, a installé une grande cuisine au bureau-chef avec un chef cuisiner qui fait plein de repas santé (poisson braisé sur patate douce, tofu curry-coco, chili végé, couscous, dinde épinards et ricotta, etc.) que l’on peut acheter pour nos routes. Les repas sont vraiment équilibrés et goûteux. On a des choix du petit déjeuner au souper en passant par les collations. Je pars avec mes coupes de fruits-yogourt, mes crudités et fromage ou houmous, mes repas pour la semaine… Je suis bien équipée (avec frigo, congélo et micro-ondes) pour ne pas arrêter dans les restaurant­s. Mon patron, Réal Gagnon, est très généreux. Pendant la COVID, il nous offre gratuiteme­nt tous les repas pour notre trajet, soit 21 repas si je pars une semaine. C’est vraiment apprécié de toute l’équipe. J’avoue toutefois, si j’ai une soirée d’attente en arrivant en Californie, je m’attable au resto devant un gros steak, un bonheur que je savoure pleinement.

Quels sont tes incontourn­ables pour bien manger sur la route ?

J’apporte toujours avec moi des arachides, des pommes et des bananes. On doit penser à des aliments qui se mangent bien et facilement et qui sont permis à la frontière.

Si tu arrêtes aux formules de restaurati­on rapide, quels sont tes choix ?

Je prends souvent une salade avec une source de protéines chez Subway ou encore des wraps de poulet grillé dans les autres restaurant­s. Je ne bois aucune boisson gazeuse ni boisson énergisant­e, lesquelles nous donnent une énergie de courte durée seulement. Je préfère me concentrer sur l’énergie que m’apporte la consommati­on de bons aliments. Je bois beaucoup d’eau (2-3 litres par jour) et je ne mange que très peu de sucre. Les aliments trop riches en sucre ou en gras entravent mon niveau d’énergie.

Arrives-tu à bouger malgré le rythme de travail effréné ?

Oui, c’est important pour ma santé physique et mentale si je veux vieillir en santé. J’ai installé un pédalier dans le camion et j’en fais régulièrem­ent. J’arrive même à faire travailler mes abdos en conduisant. J’ai développé des trucs pour bouger, même avec un travail sédentaire. Je me stationne toujours loin pour marcher plus à chaque arrêt.

Que dirais-tu à un camionneur qui débute sa carrière ?

Comme je suis formatrice, je tente d’influencer les jeunes afin qu’ils délaissent la restaurati­on rapide pour ne pas hypothéque­r leur santé à long terme. Beaucoup développen­t du diabète de type 2 avec le gain de poids et les mauvaises habitudes. S’ils veulent faire le métier longtemps, ils n’ont pas le choix d’adopter un mode de vie sain, bien manger, bouger, bien dormir. Certains fument, ça ne peut que nuire considérab­lement à leur santé. Il faut apprendre à apporter avec soi ses repas et collations, et faire les bons choix au resto également. Quand un animal de compagnie est permis, c’est un bon allié pour sortir marcher un peu !

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PHOTO COURTOISIE Stéfanie Théberge, camionneur chez Trans-West, partage ses conseils pour une alimentati­on saine en voyage.
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