Le Journal de Montreal - Weekend

EMAN l’a fait pour apprendre

Il l’appelle son album de croissance personnell­e. Hors du giron d’Alaclair Ensemble, le rappeur Eman s’échappe en solo et ressort de l’expérience avec la satisfacti­on d’avoir ajouté des cordes à son arc.

- CÉDRIC BÉLANGER

« L’importance de faire par moimême », résume l’artiste de Québec lorsqu’on le questionne sur ce qui le motive à donner son seul nom à un projet musical.

1036, qui réfère à l’adresse de l’avenue Cartier qui fut autrefois l’appartemen­t de Claude Bégin et le quartier général de tout ce qui a gravité autour d’Alaclair Ensemble, suit l’EP Maison, sorti l’an dernier.

« Ça fait longtemps que je produis des beats, explique-t-il, mais c’était sur un ordi vite fait. Je ne suis pas vraiment un gars qui a fait du mixage, je ne suis pas ingénieur de son. Des fois, je réussissai­s un mix un peu par hasard. Or, cette année, on dirait que c’était important pour moi d’apprendre ça, de savoir faire une chanson de A à Z tout seul chez nous et qu’elle soit écoutable après. »

A à Z ? Pas tout à fait. Son pote, Claude Bégin, lui a quand même donné un coup de main pour finaliser le tout. « Je ne suis pas encore rendu là, mais j’approche tranquille­ment. »

Musicaleme­nt, Eman explore autant le rap d’antan (percutante 20 ouest, avec Lary Kidd, Maybe Watson et L’incroyable Seif) que les nouvelles tendances contempora­ines du genre (le simple Diamants, avec Sarahmée).

SPONTANÉIT­É

Pour les textes, il s’est laissé porter par le vent. « Je suis très spontané. Comme avec Alaclair, je pars d’une phrase et ça avance tout seul. » Ça donne quelques bijoux, en particulie­r Pression ,oùil se targue d’être à l’avant-garde du rap et de manquer de place pour ranger ses Félix. « C’est du rap motivation­nel », rigole Eman, en signalant qu’il faut prendre le tout au second degré.

Il n’a pas tort. Le gars assis avec le représenta­nt du Journal sur un banc de parc à 32 degrés Celsius, en plein soleil, et qui a cherché un bon emplacemen­t pour une photo le long de la Saint-Charles, ne dégage pas une once de prétention.

« C’est comme faire un power move au hockey ou au basket, explique le rappeur. Tu n’as pas besoin de ça pour compter le but, mais tu le fais pour épater la galerie. C’est clairement un personnage et tu le fais juste pour t’amuser. Les fans et les autres rappeurs le prennent aussi comme ça. »

HOMMAGE À DÉDÉ

Comme c’est aussi la coutume dans le rap, les références à la culture populaire abondent dans 1036 .Ça passe de l’oncle Picsou à Gargamel en passant par Dédé Fortin, à qui Eman emprunte quelques lignes de Tassez-vous de d’là sur la chanson Yeah.

Un clin d’oeil à « un poète extraordin­aire », dit-il, en avouant qu’il n’était pourtant pas un fan des Colocs. « Mais ça jouait tellement partout que pour moi, ça représente une époque. Dans leur message, il y avait un multicultu­ralisme intéressan­t. »

« Après, ça m’est juste venu de même », poursuit Eman en faisant référence à sa créativité spontanée. « C’est mon petit hommage. »

1036

■ Paroles et musique : Eman

■ Production : Eman, La Détente et Claude Bégin

■ Étiquette : Disques 7ième Ciel

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