Le Journal de Montreal - Weekend

DÉTOURNER DES MOMENTS DE VIE

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Sans jamais tomber dans le cynisme facile ou le sarcasme navrant, Hélène Vachon, avec une plume irrésistib­le, transforme des moments de vie en fascinante­s nouvelles dans son nouveau recueil de nouvelles,

Le Complexe de Salomon. Celle qui nous avait donné l’irrésistib­le roman Santa en remet avec des passages rafraîchis­sants, des métaphores qui font éclater de rire et des moments émouvants.

Que faire pour que votre mari ne vous oublie jamais ? Y a-t-il un moyen simple, discret et sécuritair­e pour se débarrasse­r de livres devenus encombrant­s ? Comment se sent un prisonnier, à l’arrêt d’autobus, le jour de sa libération ? Et pourquoi une femme tombe-t-elle amoureuse d’un assassin ?

Hélène Vachon jette un regard sans pitié sur des situations tantôt troublante­s, tantôt cocasses dans ce recueil très divertissa­nt.

En entrevue, l’écrivaine explique qu’elle avait accumulé toutes sortes d’informatio­ns depuis des mois en regardant des films, des documentai­res, en allant au théâtre, en rencontran­t des gens… Elle a relevé « des choses de la vie qui ne font pas nécessaire­ment un roman, mais qui font une nouvelle ». Ainsi sont nées des nouvelles cocasses, émouvantes, prenantes, parties de flashs, de sources d’émotions, de bizarrerie­s ou d’intensités.

Des instantané­s, sources d’écriture. « Pour moi, les nouvelles, ça part de détails que tu grossis à l’extrême et qui font qu’à la fin, c’est pas presque rien, c’est énorme, ce qui arrive ! », commente-t-elle.

Hélène Vachon dit qu’elle n’écrit jamais sur sa propre vie. « Ça ne m’intéresse pas. Ma vie, je la trouve très agréable, mais je n’ai pas envie de parler de ça. » Par contre, des tranches de vie ont fait naître des textes très drôles, comme « la fois où » un éditeur lui a demandé d’entreposer des caisses de livres dans sa cave… caisses dont elle n’arrivait pas à se défaire.

Une autre nouvelle parle d’une dame qui s’amourache d’un tueur en série. « C’est un sujet très grave. Comment analyser le phénomène du point de vue psychologi­que ? C’est un gouffre ! », commentet-elle. « Il y a très rarement des hommes qui vont aller aider des femmes en prison… »

LA JOIE D’ÉCRIRE

Quand elle l’écrit, Hélène Vachon est systématiq­ue : une nouvelle à la fois, et l’une après l’autre. « Je ne la lâche pas… il faut trouver une fin, il faut qu’il y ait du sens, et on devient comme obsédé ! Tu te réveilles la nuit pour y penser. »

La période d’écriture a été riche. « Il y avait une certaine effervesce­nce, c’était une nouvelle après l’autre. Et puis, à un moment donné, ça se tarit, tout ça. » L’écriture lui apporte toujours une grande joie. « C’est une chose qu’on n’éprouve plus jamais, la joie… C’est un drôle de mot. Plus personne ne prononce ce mot. C’est une joie qui est tellement passagère... il faut recommence­r tout le temps. C’est entendu que le résultat n’est jamais à la hauteur de ce que tu avais imaginé, mais c’est la vie… c’est comme ça. »

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LE COMPLEXE DE SALOMON Hélène Vachon. Éditions Alto, 104 pages

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