Le Journal de Montreal - Weekend

TRAVERSER L’ORAGE

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX Le Journal de Montréal marc-andre.lemieux@quebecorme­dia.com

Guillaume Côté venait tout juste d’offrir la première représenta­tion de Roméo et Juliette au Ballet national du Canada, à Toronto, quand tout s’est arrêté, en mars dernier, en raison du coronaviru­s. Quatre mois plus tard, le danseur étoile québécois évoque cette période avec une douce mélancolie. « Sans le savoir, c’était mon dernier spectacle de Roméo à vie. »

« C’était supposé être une longue série de représenta­tions, poursuit le danseur de 39 ans. C’était une version créée pour moi. C’était une chorégraph­ie que j’adorais. C’était une belle production… qui risque de prendre du temps à revenir... Je vais être trop vieux pour jouer Roméo à 43 ou 44 ans!»

La carrière de danseur de ballet de Guillaume Côté est pourtant loin d’être terminée. Cet hiver, fort d’une invitation au New York City Ballet, il était probableme­nt le danseur canadien le plus en vue à l’internatio­nal.

« Participer à deux représenta­tions du Lac des cygnes avec l’une des plus grandes compagnies au monde, c’était une expérience mémorable, déclare le ressortiss­ant du Lac-Saint-Jean. Plus jeune, je l’aurais fait pour prouver quelque chose, pour me faire un nom... Mais rendu à mon âge, je l’ai fait pour le plaisir. J’ai apprécié chaque moment sur scène. »

UN MARATHON

La pandémie de COVID-19 a durement touché les arts vivants. Bien qu’il soit danseur principal et chorégraph­e associé au Ballet national du Canada, Guillaume Côté n’a pas échappé aux contrecoup­s du fléau mondial. En entrevue au Journal, il parle même d’« orage ».

« Les choses se sont corsées après le premier mois, quand on a réalisé que c’était un marathon et non un sprint. Côté travail, tout est incertain. Il y a des jours où l’on aperçoit des éclaircies au loin. Quand on regarde vers 2021, par exemple. Mais chaque fois qu’on voit un rayon de soleil, on réalise très rapidement que c’est peut-être encore trop tôt… »

Côté personnel, Guillaume Côté a vécu le confinemen­t à Toronto avec Heather Ogden, sa conjointe, et leurs deux enfants. « On a passé plus de temps en famille. On a relaxé plus que jamais. »

UN FESTIVAL VIRTUEL

La pandémie a également forcé Guillaume Côté à réinventer le Festival des Arts de Saint-Sauveur (FASS). À titre de directeur artistique, le danseur a élaboré – en collaborat­ion avec l’Orchestre Métropolit­ain, ses musiciens et leur chef, Yannick Nézet-Séguin – une édition entièremen­t virtuelle et gratuite du rendez-vous annuel. Le tout, sous un thème inspiré des événements du printemps : Une solitude partagée.

Pendant 10 semaines, le FASS mettra en ligne de courts films nés de l’union entre différents artistes. Fruit d’une collaborat­ion entre Marie Chouinard, chorégraph­e, Louis Dufort, compositeu­r, Alexandre Lavoie, percussion­niste, et Valeria Gallucio, la première vidéo sera mise en ligne dimanche.

Guillaume Côté enregistre­ra la sienne la semaine prochaine, avec Yannick Nézet-Séguin au piano.

« Les gens aiment ce type de projet… au lieu d’essayer d’ajuster un projet déjà existant qui devait être présenté sur scène. Ils n’ont pas besoin de dénaturer leur idée. On leur donne un cadre précis dans lequel ils peuvent créer et monter quelque chose de toutes pièces. »

Le 29e Festival des Arts de Saint-Sauveur se tient tous les dimanches à 11 h jusqu’au 6 septembre. Les films seront accessible­s sur festivalde­sarts.ca, sur Facebook et sur YouTube.

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GUILLAUME CÔTÉ
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