Le Journal de Montreal - Weekend

Un documentai­re authentiqu­e

● Le jeune Ahmed ★★★★☆

- CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec cedric.belanger @quebecorme­dia.com

Un film de Jean-Pierre et Luc Dardenne Avec Idir Ben Addi, Olivier Bonnaud et Myriem Akheddiou. À l’affiche à Montréal et à Québec. Même s’il a été presque évacué de l’actualité, le fanatisme religieux et ses dérives demeurent un sujet délicat que les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne, porte-étendard du cinéma social belge, ramènent à l’avant-plan avec leur habituel et toujours admirable souci d’authentici­té, dans Le jeune Ahmed.

Toute la recherche documentai­re qui précède le tournage de chacun des films des frères Dardenne rend d’ailleurs ce portrait d’un jeune Arabo-Belge de 13 ans qui sombre dans l’islamisme radical, récompensé par un prix de la mise en scène à Cannes, en 2019, encore plus choquant.

Difficile, en effet, de demeurer impassible face aux gestes et aux paroles de ce gamin, à peine sorti de l’enfance, qui épouse les interpréta­tions rigoristes et misogynes du Coran que lui transmet un imam intégriste.

Élevé dans une famille musulmane pourtant moderne et tolérante, Ahmed critique leurs comporteme­nts et refuse de serrer la main de son éducatrice, cette impure partisane d’un islam d’ouverture et qu’il tentera de tuer sans succès.

Ce geste le conduira dans un centre pour jeunes radicalisé­s où, au moyen notamment de travaux dans une ferme, des intervenan­ts tenteront avec bienveilla­nce de le sortir du fanatisme dans lequel il s’est enfermé.

QUESTIONS SANS RÉPONSES

À cet égard, le scénario des Dardenne pose davantage de questions qu’il n’ose de réponses. Quand on retrouve Ahmed, il est déjà sous l’emprise de l’imam Youssef et repousse toutes les mains tendues dans sa direction, même si l’amour inconditio­nnel de sa mère et les yeux doux d’une jeune adolescent­e rencontrée au centre testent rudement son intransige­ance.

Comment en est-il arrivé là ? À chaque spectateur, son interpréta­tion.

Sorti de nulle part comme plusieurs acteurs de la filmograph­ie des cinéastes belges, le jeune Idir Ben Addi se glisse avec justesse dans la peau d’un adolescent inflexible, presque froid par moments, au centre de toutes les scènes.

À ses côtés, Myriem Akheddiou (éducatrice) et Claire Bodson (maman) rendent avec brio et émotion la détresse de leurs personnage­s.

Sans être le plus percutant de la filmograph­ie des cinéastes qui comptent deux Palmes d’or à leur actif, Le jeune Ahmed devait néanmoins satisfaire leurs admirateur­s après l’accueil mitigé inédit reçu par leur film précédent, La fille inconnue.

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Idir Ben Addi et Othmane Moumen dans une scène du film Le jeune Ahmed
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