Le Journal de Montreal - Weekend
CAPTIVANT VOYAGE DANS LE TEMPS
Maître du thriller ésotérique, écrivain doué, Hervé Gagnon offre une lecture captivante se déroulant en partie en Égypte ancienne et en partie à Paris, au temps des Templiers, dans son nouveau roman, La mort du Temple. Action, mystère, intrigue rythmée, détails historiques intéressants, dialogues croustillants, pointes d’humour très aiguisées… tout y est pour faire un best-seller.
Hervé Gagnon nous propose un petit voyage dans le temps… et on recule jusqu’en 1307, à Paris. Bientôt, l’Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon cessera d’exister sous la forme qui a fait sa gloire depuis presque deux siècles.
Personne ne se fait d’illusions : quelque chose a changé à Villeneuve du Temple depuis que le transport d’un mystérieux trésor a débuté. Le roi Philippe manigance et les chevaliers ressentent de la tension, du ressentiment, de la trahison.
Hugues de Malemort n’est pas différent des autres. Il a juré obéissance au Temple et sert Dieu et son Ordre du mieux qu’il peut. Il a le pressentiment qu’une catastrophe est imminente.
Hervé Gagnon, docteur en histoire, en met plein la vue dans ce thriller palpitant : de l’action, en veux-tu, en voilà. Dans cette série en deux tomes, il avait envie de parler de la fin du Temple. « On parle beaucoup de son abolition, de son trésor. Mais j’avais le goût de voir comment c’était, une semaine ou dix jours avant, quand on savait que ça s’en venait. Comment les gens à l’intérieur de l’enceinte se sentaient. Et tu sens que c’est glauque, tout le monde avait un nuage noir au-dessus de la tête. »
D’autre part, il a émis une hypothèse intéressante : « Mettons que le trésor n’est pas ce qu’on pense… si ce n’était pas l’or, l’argent et les pierres précieuses, ce serait quoi ? questionne-t-il. Ça devient intéressant de parler de la pierre philosophale… et c’est toujours intéressant de ramener ça aux débuts de la chrétienté ou à Alexandrie, qui avait une forte population juive à cette époque. »
Hervé Gagnon avait le goût de retourner à cette époque lointaine chargée de secrets. « Alexandrie est réputée comme la terre du mysticisme juif, comme le lieu d’origine de tout l’ésotérisme hébreu, des tables d’émeraude. » La pierre philosophale des alchimistes – une substance hypothétique qui aurait permis de changer les métaux vils en métaux précieux – l’a intéressé. « En alchimie, le Grand OEuvre, c’est la purification de soi. C’était d’être capable d’entrouvrir une porte sur l’intention du Créateur. Comprendre la nature de la création. La transmutation des métaux n’était que l’étape matérielle pour cette compréhension, pour les alchimistes. Il y avait tout un volet ésotérique et spirituel qu’on connaît moins. C’était un savoir fermé à l’intérieur d’un groupe restreint. »
Ce savoir a jeté les bases de la chimie moderne… et créé un vocabulaire et une imagerie qui ont ensuite été récupérés par les Rose-Croix et la franc-maçonnerie, ajoute-t-il. « Tout ce vocabulaire circule encore dans ces milieux, aujourd’hui. »
PARIS EN 1300
Ses recherches ont été fort intéressantes. « Il existe une reconstitution de la carte de Paris en 1300. On s’entend que c’est exactement ce qu’il me fallait. La plupart des noms des rues sont là. En faisant des corrélations avec des cartes anciennes, tu peux facilement te repérer. L’enclos du Temple n’existe plus, mais il y a quand même de vastes quartiers de Paris qui sont encore en partie existants. »
Hervé Gagnon assure que le contexte historique et les recherches ne lui posent pas de problème. « Je suis historien ; c’est une seconde nature pour moi. » Il est heureux du résultat. « J’ose espérer que je suis comme le bon vin et que je m’améliore. »