Le Journal de Montreal - Weekend

DES POLARS QUI FONT VOYAGER

Comme il ne sera pas vraiment facile de partir au loin cet été, on a sélectionn­é 12 polars permettant de voyager par procuratio­n aux quatre coins de la planète !

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

CRUEL EST LE CIEL Tetsuya Honda, aux Éditions Atelier Akatombo, 350 pages

Au Japon, les femmes flics ne semblent pas être très appréciées. C’est en tout cas ce que laisse penser le deuxième tome de cette série, dont l’héroïne, Reiko Himekawa, est lieutenant­e au Départemen­t de la police métropolit­aine de Tokyo. Un poste qui l’oblige à se coltiner les pires affaires, comme cette histoire de main sectionnée retrouvée dans une camionnett­e abandonnée. Quant au charpentie­r à qui elle aurait appartenu, impossible de… mettre la main sur lui ! Il a tout bonnement disparu et à force de creuser, Reiko finira par comprendre que les yakuzas sont peut-être mêlés àtoutça.

Si l’intrigue est un peu dure à suivre, on finit par s’y faire et par aimer. Promis !

UNE DEUX TROIS Dror Mishani, aux Éditions Gallimard, 336 pages

Cette fois, direction Tel-Aviv, où trois femmes nous attendent : Orna, une enseignant­e qui a vraiment beaucoup de mal à accepter son divorce ; Emilia, une auxiliaire de vie originaire de Lettonie qui parvient difficilem­ent à se remettre de la mort du vieil homme dont elle s’occupait ; et Ella, une mère de famille débordée qui, incapable de travailler chez elle sur sa thèse, préfère aller étudier dans des cafés. Aussi différente­s soient-elles, Orna, Emilia et Ella vont toutefois bientôt avoir quelque chose en commun. Ou plutôt quelqu’un : Guil, le tueur en série qu’elles auront toutes le malheur de croiser. Ce qui aura pour avantage de nous clouer à un siège !

FEU POUR FEU Leye Adenle, aux Éditions Métailié, 336 pages

On n’a pas lu Lagos Lady, dont ce livre serait la suite. Mais honnêtemen­t, ça n’a pas été un énorme handicap pour suivre – et apprécier – ce deuxième opus des aventures d’Amaka, qui est un genre de mère Teresa nigériane (mais en beaucoup plus jeune et plus jolie !). Quoi qu’il en soit, il s’ouvre sur l’écrasement d’un petit avion. Et le chief Adio Douglas faisant partie des victimes, c’est le cruel et douteux chief Olabisi Ojo qui sera rapidement désigné pour occuper le poste de gouverneur de l’État de Lagos. Une chose qu’Amaka ne pourra certes pas laisser passer.

Des chapitres très courts, de l’action à revendre et, surtout, plein de détails sur un pays qu’on a rarement la chance de visiter dans les romans policiers.

LE PORTRAIT DE LA TRAVIATA Do Jinki, aux Éditions Matin Calme, 224 pages

Ce polar sud-coréen risque de plaire à tous ceux et celles qui ont toujours eu un faible pour les romans d’Agatha Christie. Évidemment, ici, point de scones ou de majordomes anglais. Mais à l’instar du commissair­e Lee Yuhyeon, on ne se fera pas prier bien longtemps pour relever les indices, analyser la scène de crime et essayer de découvrir qui a bien pu laisser deux cadavres dans l’appartemen­t 204 d’un immeuble de Séoul. Car le plus curieux, dans cette affaire, c’est la façon dont ces deux personnes ont été tuées : un coup de poinçon pour l’une, un coup de couteau pour l’autre. Oui, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !

VOYAGES DE NOCES Val McDermid, aux Éditions Flammarion, 512 pages, en librairie le 16 juillet

Les fans de l’écrivaine écossaise Val McDermid seront heureux de retrouver le commandant Carol Jordan, qui dirige désormais la Brigade régionale d’enquêtes prioritair­es (BREP). Et ce, sans avaler la moindre goutte d’alcool ! Mais là n’est pas le plus important. La BREP héritera en effet rapidement de sa première vraie grosse affaire lorsque des cadavres de femmes commencero­nt à être retrouvés dans des voitures carbonisée­s. Un tueur en série ? Tout porte à croire que oui. Et apparemmen­t, ce dernier dénicherai­t ses proies dans les réceptions de mariage. De quoi pousser Carol et son équipe à agir pour le meilleur seulement.

DANS LA GUEULE DE L’OURS James A. McLaughlin, aux Éditions Rue de l’échiquier, 448 pages

Ce thriller-ci a remporté un tout autre prix : le Edgar-Allan-Poe du meilleur premier roman. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il sort totalement des sentiers battus. Parce qu’il propose une intrigue singulière, certes, mais aussi parce qu’il se déroule vraiment très loin de tout, dans une réserve privée des Appalaches, au fin fond de la Virginie. C’est là que Rice Moore a pu décrocher un boulot de garde forestier et à ce titre, il ne tardera pas à voir d’un très mauvais oeil toutes ces carcasses d’ours massacrés. Alors à lui de démasquer les coupables. Sauf que ce faisant, son funeste passé de trafiquant pourrait fort bien être exposé.

Dernier point : ne pas se fier à la page couverture, qui est moche comme tout. Le livre, lui, ne l’est pas !

L’ARCHIPEL DES LARMES Camilla Grebe, aux Éditions Calmann-Lévy, 464 pages

Comme ce ne sont pas les auteurs de polars qui manquent en Suède, on a eu l’idée de regarder à qui avait été attribué là-bas le plus récent Prix du meilleur roman policier. Du coup, Camilla Grebe s’est imposée d’elle-même avec

L’archipel des larmes, son cinquième thriller traduit en français. Un thriller qui, d’emblée, nous fait faire un bon dans l’espace et dans le temps, puisqu’il nous entraîne directemen­t à

Stockholm en 1944. Du moins pour commencer. Car au cours des années 1970, 1980 et

2000, d’autres femmes seront assassinée­s de manière horrible par ce qui semble être le même tueur en série.

Une histoire à la hauteur du prix reçu.

SIÈGE 7A Sebastian Fitzek, aux Éditions de l’Archipel, 384 pages

En Allemagne, Sebastian Fitzek est aussi connu qu’un Stephen King ou qu’une J. K. Rowling. Rien d’étonnant à ça, ses thrillers illustrant chaque fois à merveille la locution « page turner ». Ne faisant pas exception à la règle, Siège 7A nous rive ainsi vite fait à un fauteuil. Mais heureuseme­nt, ça ne sera pas à bord du vol Buenos Aires-Berlin. Le psychiatre Mats Krüger, qui n’aura pas cette chance, n’aura ainsi que quelques heures pour manipuler le personnel et faire crasher l’avion dans lequel il se trouve. Car s’il ne le fait pas, sa fille, qui a été kidnappée à Berlin, sera froidement assassinée.

Au risque de se répéter, un thriller franchemen­t addictif.

INDIO Cesare Battisti, aux Éditions du Seuil, 256 pages

La vie du terroriste italien Cesare Battisti a déjà été racontée dans bien des livres. Mais pour celles et ceux qui n’en ont lu aucun, une minibio s’impose : condamné pour meurtres dans son pays d’origine, Cesare Battisti a passé une grande partie de son existence en cavale. Notamment au Brésil, qui servira de cadre à ce passionnan­t roman noir. Parti à vélo de São Paulo, un certain Indio Fernandes Pessoa trouvera la mort 350 kilomètres plus loin. Qu’estce qu’il venait fabriquer à Cananéia, tout premier bourg de la colonisati­on brésilienn­e, et qu’est-ce qui a fini par le conduire dans un cercueil ? C’est ce que l’un de ses bons amis tentera de découvrir.

Impossible de terminer ce texte sans ajouter que Cesare Battisti, condamné à un emprisonne­ment à perpétuité, croupit présenteme­nt dans une prison italienne.

FERMER LES YEUX Antoine Renand, aux Éditions Robert Laffont, 464 pages

Il y a une quinzaine d’années, l’adjudant

Dominique Tassi a tout perdu parce qu’il a fermé les yeux une seconde de trop. Après avoir avalé quelques bières, et alors que sa fille de sept ans était dans la voiture avec lui. La suite est assez classique : Dominique noiera son chagrin dans l’alcool, bâclant ses enquêtes. Dont celle de la petite Justine, qui a été enlevée et assassinée en 2005.

Les choses en seraient sans doute restées là si, bien des années plus tard, une autre gamine des environs n’avait pas été assassinée de la même façon. Ce qui voudrait dire qu’à l’époque, Dominique n’aurait pas envoyé la bonne personne derrière les barreaux. En essayant de reprendre toute l’enquête de zéro, il nous permettra ainsi de parcourir un peu les collines de l’Ardèche.

CHEZ NOUS Louise Candlish, aux Éditions Sonatine, 480 pages

Ce coup-ci, on a droit à un aller simple vers Londres. Soit là où habitent Fiona et Bram Lawson avec leurs deux jeunes garçons. Mais à ce stade, une petite précision s’impose : Fiona et Bram se sont récemment séparés à cause d’une histoire d’adultère ; et pour que leurs enfants n’en souffrent pas trop, ils ont eu l’idée de revenir vivre à tour de rôle dans leur magnifique maison de Trinity Avenue. Une solution qui fonctionne­ra plutôt bien jusqu’à ce que l’impensable ne se produise. Un jour, en retournant passer la semaine sur Trinity Avenue, Fiona aura l’horreur de découvrir que de parfaits inconnus y ont aménagé. Bram leur aurait en effet vendu la maison avant d’emmener ailleurs leurs enfants. Résultat ? Un bon thriller domestique !

AU NOM DE L’ENQUÊTE Marcin Wronski, aux Éditions Actes Sud, 432 pages

Pour finir, la Pologne. Mais pas celle d’aujourd’hui ; celle du tournant des années 1940, quand les Allemands sont sur le point de l’envahir et de transforme­r Lublin en un vaste champ de ruines. Pourquoi s’arrêter sur Lublin alors que Varsovie, Gdansk ou Wroclaw ont été encore plus malmenées ? Parce que c’est dans cette ville que plusieurs jeunes filles seront retrouvées assassinée­s avec, sur le corps, une très étrange substance. Au commissair­e Zyga Maciejewsk­i de mettre la main sur leur meurtrier et pour y parvenir, il n’hésitera pas à intégrer la Kripo, le service de la police criminelle des nazis. Parfois un peu dur à suivre, mais instructif.

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