Le Journal de Montreal - Weekend

LES JEUNES ONT UN RÔLE ÀJOUER!

- JOSIANNE DESJARDINS

L’entourage des personnes aux prises avec une maladie mentale souffre aussi. C’est le cas, notamment, de nombre de jeunes qui sont invités à s’exprimer sans tabou afin d’agir, tant pour eux-mêmes que pour l’ensemble de la société, dans un contexte particuliè­rement difficile.

Dans le cadre de la Semaine de sensibilis­ation aux maladies mentales au début du mois d’octobre dernier, l’organisme Avant de craquer a lancé la campagne J’aide sans filtre, destinée aux jeunes de 18 à 25 ans. De jeunes ambassadeu­rs se sont joints au mouvement en diffusant notamment de l’informatio­n au sujet des ressources existantes sur les réseaux sociaux.

L’animateur Jean-Philippe Dion s’est associé à la campagne afin d’inciter les jeunes à préserver leur équilibre et leur propre santé tout en accompagna­nt un proche. « Vivre avec une personne atteinte de maladie mentale, c’est vivre des montagnes russes au quotidien. Pour les familles et les membres de l’entourage d’une personne atteinte de maladie mentale, les défis sont encore plus nombreux avec la pandémie », affirme le porte-parole.

TROP DE LIMITES ?

En effet, la pandémie a limité les possibilit­és pour les jeunes de « ventiler » avec des activités à l’extérieur de la maison, souligne le directeur général du Réseau Avant de craquer, René Cloutier. « Être confiné avec un parent [malade], ça peut être lourd sur le plan de la santé mentale. Cela peut même affecter les projets d’études, les projets d’avenir. Toutes les difficulté­s que les jeunes vivent déjà sont exacerbées, et ils ne savent pas nécessaire­ment vers qui se tourner », constate-t-il.

D’où l’importance de la mission du Réseau Avant de craquer et de ses 41 associatio­ns aux quatre coins du Québec. Actif depuis 34 ans, le réseau offre un soutien aux membres de l’entourage d’une personne atteinte de maladie mentale. Rencontres individuel­les, activités d’informatio­n et de formation, groupes d’entraide et mesures de répit-dépannage font partie des services de l’organisme.

MOINS TABOU ?

La santé mentale est un sujet de plus en plus abordé par les médias, ce qui permet de faire tomber des préjugés, estime le directeur général. Toutefois, il reste encore du travail à faire en ce sens. « Il y a des jeunes autant que des personnes âgées qui vivent encore de la stigmatisa­tion. Et les proches ne sont pas toujours conscients qu’ils vivent une situation particuliè­re. », considère-t-il.

Ce dernier va même jusqu’à dire que les proches sont les grands oubliés du système. « Ils ne sont pas informés ou impliqués dans le processus de soin [de la personne malade]. Ce n’est pas un rôle facile d’être accompagna­teur, et ce sont eux qui sont en première ligne », souligne M. Cloutier.

Fait encouragea­nt, l’organisme a travaillé à l’élaboratio­n d’un guide destiné aux intervenan­ts du CIUSSS de la Capitale-Nationale et espère que de meilleures pratiques seront peu à peu véhiculées dans tout le réseau de la santé.

DES ANNÉES CRUCIALES

Les prochaines années seront néanmoins cruciales pour les services en santé mentale. « C’est important d’investir en santé mentale. Il faut avoir une approche beaucoup plus proactive. La prévention, c’est une façon d’enlever la pression sur le réseau », explique M. Cloutier. Et pour y parvenir, un investisse­ment annuel de 20 M$ serait nécessaire pour augmenter et améliorer l’accès aux services, ajoute le directeur général.

« Les proches vivent trois fois plus de détresse que la population en général, fait valoir M. Cloutier. Il faut qu’ils puissent en parler sans tabou, sans filtre, qu’ils soient capables de le faire avec authentici­té. »

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