Le Journal de Montreal - Weekend

« SI ON ARRÊTE D’ESPÉRER, ON NE VAUDRA PLUS GRAND-CHOSE»

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN

Fred Pellerin aime vivre d’espoir. Alors que l’année 2021 s’avère encore plutôt incertaine avec la pandémie, le conteur de Saint-Élie-de-Caxton vient d’annoncer une nouvelle tournée de chansons pour janvier, Je dirai presque rien. « Ce sera une affaire de proximité, très dépouillée », dit-il. Le Journal s’est entretenu avec lui. Comment as-tu vécu les derniers mois de la pandémie dans ton village ?

« On est pas mal tous dans le rouge. Ils nous ont étiré une zone orange longtemps, mais on a fini par y plonger aussi. Ici, à Saint-Élie-de-Caxton, on est 2000 pour 120 km2. Le rapport spatial n’est pas le même qu’en ville. En campagne, ça se vit assez bien. Mais on a hâte nous aussi de prendre nos voisins dans nos bras et de s’embrasser sur les deux joues comme il fut un temps. »

Quand le premier confinemen­t a frappé, en mars, sur quoi travaillai­s-tu ?

« Depuis deux ans, je fais les sucres dans ma petite cabane à sucre. Le 11 au soir, je finissais mon dernier show avant d’avoir cinq semaines pour faire les sucres. Le point de départ ne m’a pas trop fracassé. Quand ils ont annoncé le confinemen­t, j’étais déjà parti me confiner à la cabane. »

Comment est arrivée l’idée de faire un nouveau spectacle de chansons ?

« Il me restait une soixantain­e de dates de la tournée Un village en trois dés. Mais toutes les salles sont complètes et les gens ne se font pas rembourser. Quand on pouvait jouer dans certaines régions à 250 personnes, j’avais 1000 billets de vendus [dans ces villes]… Pour finir cette tournée, il va donc falloir un retour à peu près à la normale pour remplir les salles. Entre-temps, la tournée de chansons va me permettre de jouer dans des jauges plus réduites. » « Quand on a pensé à ce projet, on n’avait pas les chiffres de 2000 cas par jour... Le gouverneme­nt envoyait des signes qu’il fallait repartir les affaires. On s’est dit qu’on pouvait créer un truc qui s’y prêterait. »

Jusqu’à quel point as-tu espoir de pouvoir commencer la tournée le 16 janvier à Sherbrooke ?

« On ne sait pas comment le vent peut virer. C’est vrai que c’est drôle d’annoncer cette tournée-là alors qu’on bat des records [de cas]. Mais si on recule toutes les fois qu’on fait 1500… Là, ils nous donnent des espoirs de vaccin. J’ai le goût d’espérer. Si on arrête d’espérer, on ne vaudra plus grand-chose. »

As-tu pensé faire des spectacles virtuels avec la fermeture des salles ?

« J’ai fait Salut Bonjour sur FaceTime au mois de mars. On était en direct et ils ont perdu le signal. Ç’a été pas mal la fin de la virtualité pour moi ! Je ne suis pas fort là-dedans. Je considère que le trip existe encore dans le spectacle vivant. J’ai le goût de ce contact-là. Je construis mes contes sur un retour de réaction de public. Ma webcam ne rit pas fort ! »

Est-ce que la pandémie pourrait t’inspirer dans l’écriture de nouveaux contes ?

« Sûrement. En ce moment, je n’ai pas nécessaire­ment le goût de me dire : ah, je vais réfléchir à la pandémie. J’ai plus envie qu’on en sorte ! Mais après ça, c’est sûr que ça va amener quelque chose. J’ai commencé à écrire de nouvelles histoires. À jouer dans le bois, je me suis “parti le blender”. L’autre jour, j’ai écrit un petit conte. Le moulin créatif n’arrête pas. »

En quoi consistera ton nouveau balado, T’as un village dans l’oreille !?

« Pendant plusieurs années, j’ai construit des contenus de visites guidées à SaintÉlie-de-Caxton. Quelqu’un de Radio-Canada a entendu quelques capsules et s’est dit que ça pourrait devenir un balado. On s’est mis à penser à cette affaire-là. Les visites guidées étaient beaucoup rattachées aux maisons du village. Là, j’ai décidé de partir vers les personnage­s du village. »

Comment se déroule le projet de film avec L’arracheuse de temps ?

« Ils ont fait 17 jours de tournage à l’extérieur cet automne. Je suis allé trois fois sur le tournage. Rendu à cette étape-là, mon travail est quasiment fini. C’est surtout le plaisir de voir se déployer ça, de voir les textes pris dans la bouche des personnage­s, de voir le village, les costumes, les effets spéciaux. Le réalisateu­r, Francis Leclerc, me garde impliqué. Ils vont faire les scènes intérieure­s en avril, en espérant que ce sera moins compliqué [avec les mesures sanitaires]. Le film devrait sortir avant les Fêtes, dans un an. »

 ??  ?? ∫ Si la situation le permet avec la pandémie, Fred Pellerin présentera sa tournée de chansons,
Je dirai presque rien, à partir du 16 janvier, à Sherbrooke. Pour toutes les dates : fredpeller­in. com. Le balado T’as un village dans l’oreille ! sera diffusé dès le 19 décembre sur la plateforme Ohdio.
∫ Les spectacles de contes de Fred Pellerin, De peigne et de misère (2015) et L’arracheuse de temps (2011) seront sur toutes les plateforme­s numériques à compter du 19 décembre.
∫ Si la situation le permet avec la pandémie, Fred Pellerin présentera sa tournée de chansons, Je dirai presque rien, à partir du 16 janvier, à Sherbrooke. Pour toutes les dates : fredpeller­in. com. Le balado T’as un village dans l’oreille ! sera diffusé dès le 19 décembre sur la plateforme Ohdio. ∫ Les spectacles de contes de Fred Pellerin, De peigne et de misère (2015) et L’arracheuse de temps (2011) seront sur toutes les plateforme­s numériques à compter du 19 décembre.

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