Le Journal de Montreal - Weekend

D’AUTEURS SUR 2020

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Quel bilan faites-vous de 2020 ?

Pour le producteur que je suis, ç’a été compliqué. Beaucoup de contrainte­s, des reports de plateau, d’équipes. Pour l’auteur, ç’a été bénéfique en occasionna­nt un retour sur soi. J’habite à la campagne et de pouvoir marcher, réfléchir aux projets sans le tumulte de la performanc­e, c’est un privilège.

Croyez-vous avec Mon fils avoir contribué à faire avancer les mentalités au sujet de la santé mentale ?

Je le souhaite. Les gens du milieu nous ont dit qu’ils étaient contents que l’on montre les difficulté­s auxquelles ils font face. Le manque de ressources notamment. La santé mentale a toujours été le parent pauvre de la santé. Si la série a permis de démystifie­r, d’être alerte et solidaire envers nos proches qui vont moins bien, je suis content. L’enjeu de la santé mentale est maintenant à l’agenda.

La dernière saison de L’Heure Bleue a dû être reportée. En avez-vous changé l’issue ?

Tout était écrit, nous devions tourner en avril. Nous avions déjà décidé que nos personnage­s feraient des bilans de vie. Ce sera une reprise en main. Une fin positive à l’image des questionne­ments que beaucoup de monde a eus cette année.

Y a-t-il des valeurs qui risquent de teinter votre écriture ?

Des valeurs de famille, l’intimité du couple, qui ont pris plus d’importance dans nos vies. Certains l’ont vécu comme une contrainte au lieu d’une occasion. Quand on est distrait par toutes nos activités, c’est parfois une fuite.

La pandémie vous influence-t-elle ?

Ça n’existe pas dans ma série parce qu’on a assez de la vivre. Moi, j’essaie de divertir. L’univers de District 31 relève du vol, du meurtre. La seule chose qui peut influencer mon écriture, c’est la distanciat­ion. Mais il y a toute une équipe qui y veille sur le plateau. Sinon, oui, ça m’affecte comme créateur, car je suis humain, mais ça ne doit pas se sentir dans mon travail. La série n’a pas à souffrir de ce que je pourrais vivre.

Vous disiez vouloir aborder davantage la réalité des policiers cette saison. La situation actuelle vous empêche-t-elle de mener certaines intrigues ?

S’il y a quelque chose que la COVID a changé, c’est ça. À cause de la distanciat­ion, on ne peut pas procéder à des arrestatio­ns, passer des menottes, j’ai dû reporter le projet. Avec le GTI, ça fonctionne par exemple, car ils sont déjà masqués.

District 31 est souvent proche de l’actualité. Y a-t-il des événements de la dernière année qui vous ont inspiré ?

Beaucoup de gens m’écrivent pour me dire que c’est « leur histoire ». Mais tous les crimes se ressemblen­t. La fameuse synchronic­ité n’est pas voulue. Il y a des concours de circonstan­ces. Quand j’écris au sujet des réseaux sociaux ou de la désinforma­tion, c’est parce que c’est la nouvelle réalité à laquelle sont confrontés les enquêteurs.

Quel bilan faites-vous de 2020 ?

La société ne change pas. On passe notre temps à refaire les erreurs du passé.

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District 31
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PHOTOCOURT­OISIEYANTU­RCOTTE
 ??  ?? Luc Senay incarne le bienveilla­nt psychiatre Jean-Christophe Landry dans la série Mon fils.
Luc Senay incarne le bienveilla­nt psychiatre Jean-Christophe Landry dans la série Mon fils.
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Antoine L’Écuyer dans la série Mon fils

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