Le Journal de Montreal - Weekend
UN TUEUR DANS LA TÊTE
La technologie et ses avancées récentes fascinent certains… et en terrifient d’autres. À mi-chemin entre les deux camps, le cinéaste canadien Brandon Cronenberg a toutefois choisi le second pour sa plus récente proposition, Possessor.
« Je m’intéresse beaucoup à ce que la réalité virtuelle nous permet maintenant de faire. C’est très excitant à plusieurs égards. Mais c’est aussi terrifiant de voir où on en est rendu, non ? » avance-t-il en entretien au Journal.
C’est dans cette optique qu’il a écrit Possessor, son deuxième long métrage à titre de réalisateur, lancé en vidéo sur demande plus tôt cette semaine. Le film devait initialement prendre l’affiche dans nos salles en octobre dernier, avant que la deuxième vague de la pandémie vienne contrecarrer ces plans.
On y retrouve une assassine professionparticulier. nelle au modus operandi bien Grâce à une technologie révolutionnaire, elle parvient à s’immiscer dans l’esprit de ses victimes, les contrôlant à sa guise pour leur faire commettre l’irréparable envers autrui avant de s’enlever la vie.
VIOLENCE NARRATIVE
La violence – intrinsèque à l’intrigue – y est présentée de manière frontale, confrontante et souvent explicite.
Un choix délibéré pour Brandon Cronenberg, qui y voit une manière presque infaillible de guider les cinéphiles vers des avenues plus sombres de la psyché humaine. Car les sentiers battus, le cinéaste préfère les éviter autant que possible.
« J’aime qu’un film me pousse jusqu’à un endroit très, très loin de ma zone de confort et de mon quotidien. Je veux voir des choses, vivre des choses, que la vie de tous les jours ne m’apporte pas. Et la violence est très efficace en ce sens. Mais il faut savoir bien la doser. Parce que si elle ne sert qu’à provoquer ou faire réagir, elle ne sert plus l’intrigue et elle peut facilement devenir
puérile », explique-t-il.
L’OMBRE DES CRONENBERG
Tant dans les sujets vers lesquels il pointe sa caméra que dans le traitequ’il ment leur réserve, Brandon Cronenberg alimente depuis ses débuts les comparaisons avec l’oeuvre de son père, le cinéaste-culte David Cronenberg. Ça, il en est bien conscient et le comprend totalement.
Mais au bout du fil, on sent une réelle volonté de s’affranchir de l’héritage familial, ne serait-ce que pour tracer sa propre voie dans l’industrie cinématographique. Dès que le nom de son père est prononcé en entrevue, le cinéaste se fait plus évasif et beaucoup moins bavard.
« Je sais que les gens veulent faire des liens, mais je n’ai pas le recul nécessaire pour voir les similitudes entre nos travaux. Et très honnêtement, ça m’importe peu », laisse-t-il tomber.
Possessor est offert maintenant en vidéo sur demande.