Le Journal de Montreal - Weekend
DES SOLUTIONS CONCRÈTES POUR LA VIE QUOTIDIENNE
Comment faciliter le maintien à domicile d’une personne en perte d’autonomie ? Quelles stratégies employer ? Quels bons conseils peuton obtenir sur tous les aspects de la vie quotidienne ? L’ergothérapeute Lisanne Rhéaume propose une véritable bible de la question dans un livre qu’elle a mis presque 20 ans à rédiger, en s’appuyant sur des cas vécus : Le Guide des aidants.
Comment aider au mieux une personne en perte d’autonomie qui souhaite rester le plus longtemps possible dans son environnement ? Lisanne Rhéaume propose, chapitre après chapitre, des histoires de cas et des solutions concrètes pour apporter une solution à toutes sortes de défis de la vie quotidienne.
Lisanne Rhéaume se passionne pour sa profession et a accumulé quantité d’informations au fil de sa carrière. Elle a pris des notes depuis une vingtaine d’années et a synthétisé l’information dans ce livre.
Ergothérapeute dans les CLSC de l’ouest de Montréal, l’auteure connaît les défis auxquels font face les aidants naturels et ceux du maintien à domicile – défis amplifiés dans le contexte de la pandémie.
« Plus l’aidant est proche, plus il est touché par la maladie de la personne qui vieillit. Ça lui fait plus de peine et ils sont portés à en faire beaucoup, et c’est là qu’ils risquent de s’épuiser », note-t-elle. Et l’épuisement des aidants naturels, c’est quelque chose qu’on voit souvent ? « Constamment ! », martèle l’ergothérapeute.
À son avis, on n’en parle pas assez. « Les regroupements d’aidants naturels en parlent beaucoup, mais tous les aidants qui sont impliqués pour la peine vivent de l’épuisement. C’est exigeant. Et ça dépend vraiment du niveau de perte d’autonomie. »
Solution ? « Il faut apprendre, comme aidant, les ressources. Et il faut aussi apprendre à nos aînés à s’organiser par eux-mêmes », dit-elle en suggérant de leur apprendre comment commander eux-mêmes leur épicerie en ligne. « On ne peut pas tout prendre en charge : il faut apprendre à laisser la personne faire ce qu’elle est capable de faire. »
D’où l’idée du livre, où des solutions sont proposées pour toutes sortes de situations quotidiennes : faire la lessive, prendre correctement les médicaments, marcher à l’intérieur ou à l’extérieur du domicile, monter et descendre un escalier, utiliser un fauteuil roulant, se nourrir, se laver, s’habiller, utiliser le téléphone, gérer son argent, etc.
Les aidants vivent également beaucoup de culpabilité, et encore plus lorsqu’ils sont obligés de placer les personnes en perte d’autonomie en hébergement. « Ça, c’est bien plus culpabilisant qu’essayer de l’équiper pour qu’elle s’organise par ellemême. Vraiment. »
MICRO-ADAPTATIONS
« Souvent, la personne âgée ne veut pas y aller, mais l’aidant n’en peut plus », dit-elle en donnant par exemple l’évaluation des risques pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, et qui sont à la limite d’être dangereuses. « S’ils se font encore à manger, par exemple, est-ce qu’ils [ne] risquent [pas] de mettre le feu ? »
Elle doit faire des micro adaptations et adopter des stratégies, et les partage dans son livre. Lisanne donne l’exemple de l’adaptation d’un four à micro-ondes, à l’aide d’un autocollant rouge et d’un autocollant vert, pour un patient qui perd la mémoire.
« J’ai simplifié l’activité pour qu’il puisse la faire. Quand je suis partie, il était correct. On est passés de quelqu’un à qui il fallait faire chauffer tous ses repas, à quelqu’un qui peut faire ça par lui-même. »
Elle a aussi installé une minuterie spéciale (un safe cook) sur la cuisinière d’une dame qui faisait trop cuire ses repas et tombait parfois endormie dans son fauteuil. « Tout le monde dans son immeuble capotait ! ». Lisanne l’a entraînée, la dame a pu continuer à faire chauffer sa soupe, en sécurité.
√ Lisanne Rhéaume est ergothérapeute à Pointe-Claire.
√ Elle travaille depuis plus de 30 ans auprès des personnes en perte d’autonomie, et ce, principalement à leur domicile.
√ Elle utilise son expertise pour les aider à réduire l’impact de la perte d’autonomie dans leurs activités quotidiennes et pour améliorer leur qualité de vie, de même que celle de leurs aidants.