Le Journal de Montreal - Weekend
PREMIER ROMAN À DÉGUSTER AVEC UN BON VERRE
Après avoir écrit une quinzaine d’ouvrages maintes fois récompensés sur le merveilleux monde du vin, le sommelier professionnel Jacques Orhon s’est lancé dans l’autofiction sur fond oenologique. Son tout premier roman, Les fruits de l’exil, montre le destin de plusieurs générations d’immigrants européens et une quête personnelle plus forte que tout.
Alors qu’il est en reportage dans la péninsule du Niagara, Stéphane Almeida, un photographe au sommet de sa carrière, se prépare à vivre un rendez-vous très important. Il espère, une fois pour toutes, faire enfin connaissance avec son père et démêler l’histoire familiale.
Cette grande quête est dépeinte en racontant l’histoire de plusieurs générations d’immigrants européens, partis vers le Nouveau Monde dans l’espoir d’une vie meilleure. Elle se déroule sur fond de vignobles, de grands crus, de villes historiques, de plaisirs gastronomiques et de musique… des plaisirs chers à l’auteur.
Jacques Orhon, un homme souriant, généreux, fin connaisseur des trésors oenologiques de la planète et musicien à ses heures, parle avec enthousiasme de son premier roman – un projet longtemps gardé secret.
Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il se lance dans une oeuvre de fiction. Le projet lui a demandé deux ans de travail et était terminé avant la crise de la COVID-19. La pandémie l’a d’ailleurs obligé à abréger un voyage et à rentrer en catastrophe au pays.
« Ce livre m’a tellement habité pendant l’écriture… Je suis rentré làdedans, je me suis régalé, je me suis éclaté, mais je crois que je n’ai jamais travaillé aussi fort, en 31 ans d’écriture, à travers tous les livres. Wow ! Ç’a été énorme, commente-t-il. Et pendant neuf, dix mois, j’en ai parlé à personne. »
ÉCRIRE, À SA FAÇON
Pourtant, lorsqu’il a eu en tête toute l’intrigue du livre, tout s’est placé. « Non pas que l’inspiration me venait si facilement, mais les histoires s’emboîtaient, les unes avec les autres. Ç’a été une immense satisfaction de découvrir que je pouvais partir dans cette direction et que je n’avais plus aucune contrainte technique. Je pouvais tout décrire, à ma façon. »
L’idée d’une personne offrant une cave de 2000 bouteilles de vin, à l’occasion de 2020, lui est d’abord venue en tête. Puis, il voulait inventer l’histoire de Stéphane, petit-fils d’immigrant dont le père a disparu. « J’ai nourri une grande partie de la vie de Stéphane – comment il va se construire à travers mes propres expériences de vie. »
UN PEU, BEAUCOUP DE LUI
Il y a beaucoup de Jacques Orhon dans Stéphane, à la différence qu’il a eu une enfance heureuse, qu’il a été élevé par des parents « assez formidables » et qu’il a toujours connu son père. Mais c’est un livre sur la transmission, précise-t-il.
« L’amour du vin que le papi transmet à son petit-fils, ça, c’est mon père. Il a fait la même chose, sans qu’il s’en rende compte. À l’âge de neuf ans, j’étais fasciné par les bouteilles de vin, dans la cave. Voyant ma fascination, mon père avait décrété que j’allais devenir l’échanson de la maison. »
Jacques Orhon, qui vit au Québec depuis 45 ans, a également visité tous les lieux qu’il décrit dans son roman. Celui-ci se déroule en partie au Portugal, un pays où, très jeune, il a eu « comme une révélation ».
Il parle aussi d’exil – quelque chose qui, selon lui, ne signifie pas nécessairement quelque chose de négatif. « Je crois que le fait d’être parti, ça nous donne une très grande force et à un moment donné, quand tu es bien dans ce que tu fais, tu cueilles les fruits de ton exil. »
Et quel vin devrait-on boire pour bonifier le plaisir de la lecture ? Jacques Orhon savoure sa réponse. « Le vin que vous aimez ! »
√ Jacques Orhon est maître sommelier et fondateur de l’Association canadienne des sommeliers professionnels.
√ Il est aussi professeur, conférencier, expert en dégustation et globe-trotter du vin.
√ Il a publié une quinzaine d’ouvrages sur le monde du vin et reçu plusieurs récompenses prestigieuses.