Le Journal de Montreal - Weekend

« JE SUIS UNE RÊVEUSE ANXIEUSE »

- SARAH-ÉMILIE NAULT Collaborat­ion spéciale

Rêver rend-il heureux ? Voilà la question qui guide la vie ainsi que la récente oeuvre de Mélanie Leclerc. Dans sa bande dessinée pour adultes baptisée Temps libre, celle qui se décrit comme une rêveuse angoissée a opté pour la voie des possibles en mettant en scène différents types de rêveurs.

Mélanie Leclerc ne se définit pas comme une préposée de bibliothèq­ue, ni comme une artiste donnant des ateliers d’art plastique dans les écoles, ni même comme une mère de trois enfants, mais plutôt comme un amalgame de tout ce qui meuble sa vie. « Cela inclut une partie de création, même si je ne suis artiste que dans mes temps libres », dit celle qui se dit à la fois rêveuse et très terre-àterre.

Friande de littératur­e et de cinéma, elle a grandi dans une maison remplie de livres auprès de parents qui étaient de grands lecteurs.

Son caméraman de père affectionn­ait notamment les livres de photos.

« J’ai été immergée assez tôt dans le récit des images, dit-elle. Lire le récit de certains grands photograph­es, ça raconte tout autant. Cela a sûrement nourri quelque chose par rapport au lien avec les images. »

Pour l’artiste ayant raflé le prix Bédélys Indépendan­t en 2018 pour Contacts, sa première BD, c’est en plongeant dans la lecture de vieilles et de nouvelles bandes dessinées avec ses enfants qu’est revenue l’envie du dessin. Un art comme un rêve qu’elle avait mis de côté pendant plusieurs années.

« Le dessin est revenu comme quelque chose de reposant me permettant d’être dans ma bulle », explique l’autrice.

RÊVER MIEUX

Bande dessinée d’autofictio­n, Temps libre aborde le thème des rêves à travers l’histoire d’une artiste qui tente de s’accomplir sans savoir si elle doit continuer de s’acharner. Autour d’elle évoluent des personnage­s portant des rêves et des projets de vie avec lesquels ils tentent, eux aussi, d’apprendre à vivre.

« Je suis vraiment émue lorsque j’entends parler de gens qui s’accrochent et qui donnent toute leur énergie dans leurs temps libres à des projets qui, au fond, sont vraiment plus axés sur l’essentiel de qui ils sont et de qui ils voudraient être », raconte l’autrice de Saint-Lazare.

Cette idée de s’accrocher à ses rêves est aussi liée à l’écriture de sa première bande dessinée qui lui a demandé sept ans de travail. Sept années à se demander si elle devait poursuivre son rêve ou laisser tomber. « J’ai transposé cela à l’histoire de Louise et du film », dit-elle.

Louise, c’est la tante du personnage principal (Mélanie!) atteinte de la maladie d’Alzheimer, ce qui inspire à cette dernière la création d’un film documentai­re. Un clin d’oeil à sa véritable marraine qui fut malade, mais aussi l’une des réponses à la question de base de l’écriture de cette bande dessinée : comment meurt un rêve ? « Chaque personnage porte un rêve et a sa manière de gérer ces rêves-là : est-ce que tu t’acharnes? Quand lâcher prise ? Il n’y a pas une réponse. Un rêve peut alimenter une volonté d’avancer, mais peut aussi pourrir la vie quand c’est mélangé avec des déceptions. Je voulais explorer toutes ces facettes du rêve. »

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MÉLANIE LECLERC
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TEMPS LIBRE Mélanie Leclerc Éditions Mécanique Générale Disponible en librairie

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