Le Journal de Montreal - Weekend

Mani Soleymanlo­u remonte sur scène

Dix ans après avoir abordé son importante quête identitair­e avec le spectacle UN, Mani Soleymanlo­u représente­ra son solo mercredi, à un public virtuel, en direct de l’espace Yoop. Une façon pour lui d’actualiser les choses.

- YAN LAUZON

Mani Soleymanlo­u, ce spectacle est un retour aux sources, mais teinté de la réalité d’aujourd’hui ?

« C’est un spectacle que j’ai écrit en 2009 sur ce que c’est que d’être quelqu’un ; être québécois, être iranien, quelles sont les origines, les identités. Collective­ment, notre rapport à ce débat était différent d’aujourd’hui. Je vais donc essayer d’être à l’écoute de comment les choses ont évolué et/ou régressé au cours des dernières années. On a commencé à répéter et malheureus­ement ou heureuseme­nt, ce que je disais en 2009 n’a pas tant vieilli. »

Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d’ajouter un musicien sur scène ?

« Ça fait aussi partie de l’adaptation de la chose. C’est pour pallier le manque de public en direct. Vu que les gens vont être en streaming, je voulais bien avoir quelqu’un à qui m’adresser et à qui répondre. C’est formidable parce qu’il vient avec sa charge, ce qu’il est, sa musique live... »

À l’heure où on parle beaucoup de collectivi­té, pourquoi cette nécessité de retourner seul sur scène ?

« Je fais des solos depuis un bout. [...] Ce solo pour moi a une approche directe avec le spectateur. Ça peut s’apparenter au stand-up, bien que ce ne l’est pas du tout. Comme je m’adresse directemen­t au spectateur, dans le format streaming, on s’est imaginé qu’il y a quelque chose de plus agréable à regarder que si on était dans une pièce de théâtre à plusieurs, avec un quatrième mur fermé, en cuisine ou au salon. Je peux faire un solo parce que je m’adresse toujours à la collectivi­té. »

Le virage numérique est-il un passage obligé ou un défi en temps de COVID ?

« Un peu des deux. C’est un défi stimulant et je pense qu’avec le numérique, on peut peut-être aller chercher un public qui ne se déplacerai­t pas au théâtre en temps normal. Pour moi, c’est un passage temporaire ; je suis convaincu que le jour où les salles vont rouvrir et que les gens vont avoir le droit de s’y retrouver, les gens vont y aller. [...] Je pense qu’en allant chez le monde, en montrant ce qu’est le théâtre et en défaisant les préjugés envers cet art qui, des fois, aux yeux de bien des gens est mal vu, on va montrer une autre forme de théâtre, une autre façon de voir les choses. »

Quelque 200 représenta­tions plus tard, quel regard portezvous sur ce spectacle ?

« C’est toujours particulie­r de le reprendre, parce que tu as l’impression que tu as fait le tour. Finalement, cette histoire est tellement intimement liée à ce que je vis au quotidien… Je revisite tout le temps un peu les mêmes thématique­s. Malheureus­ement et heureuseme­nt, la société me donne encore du jus pour pouvoir traiter de l’identité, de l’autre et de l’intoléranc­e. »

La COVID-19 vous a-t-elle incité à développer d’autres spectacles solos ?

« Oui, je vais écrire un texte strictemen­t imaginé pour l’audio. Pour l’instant, en tout cas. [...] Ça va sûrement être teinté de ce qui s’est passé au cours des huit derniers mois, parce qu’il y a eu de la maladie dans ma famille et je n’ai pas été capable de voir ma mère, qui était à l’hôpital, pendant longtemps. Tout ça est arrivé en même temps. C’est sur le temps qui passe et la vie qui arrête. »

Le spectacle UN de Mani Soleymanlo­u sera diffusé de l’espace Yoop, un soir seulement, le 16 décembre à 20 h. Une reprise sera offerte pendant 24 heures. Les billets sont en vente sur l’applicatio­n yoop.

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Mani Soleymanlo­u présentera virtuellem­ent son spectacle UN, en direct de l’espace Yoop de la Place des Arts, le 16 décembre.

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