Le Journal de Montreal - Weekend

La réalité virtuelle au service du crime

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

La découverte de la masturbati­on chez une adolescent­e (Natalia Dyer) n’est pas un sujet facile. Pourtant, la réalisatri­ce et scénariste Karen Maine parvient, avec Oui, mon dieu, oui, à livrer une comédie sensible et pertinente.

En situant l’intrigue dans une école catholique du début des années 2000, Karen Maine s’extrait des travers des « films pour ados sur la sexualité ». Elle mise sur le léger, le drôle et la base plutôt que de devoir aborder PornHub et le harcèlemen­t en ligne, conférant ainsi au long métrage de 78 minutes une fraîcheur rare, qui n’est pas sans rappeler (dans un tout autre genre, bien sûr) celle de Eighth Grade (2018).

Alice (Natalia Dyer, tout simplement parfaite) fréquente une école secondaire catholique. Ayant découvert ses premiers émois sexuels en regardant la fameuse scène d’amour dans la cale du Titanic, elle décide de se lancer à la découverte de la masturbati­on. Victime de rumeurs sur sa légèreté de moeurs, Alice chemine néanmoins dans ce parcours semé d’embûches, la rigidité de la foi n’étant pas la moindre. Car, sans autre explicatio­n de la sexualité féminine qu’une comparaiso­n boiteuse avec des électromén­agers et l’interdicti­on de tout rapport sexuel avant le mariage, l’adolescent­e de 16 ans doit apprendre sur le tas.

Les clavardage­s de Yahoo lui fournissen­t une idée de base, le père Murphy (Timothy Simons) qui regarde un porno « antique » (les années 2000 sont une source inépuisabl­e de rires) et sa participat­ion à une retraite en pleine nature lui donneront une idée du reste. Toutes les situations sont finement observées, la religion fournissan­t, là aussi, un prétexte à fustiger tous ceux qui veulent contrôler le corps des autres, qui insistent sur le fait que les garçons ne peuvent faire taire leurs pulsions, etc.

Tout dans Oui, mon dieu, oui en fait une histoire de coming of age (ce passage entre l’adolescenc­e et le début de l’âge adulte) sympathiqu­e, féministe et remplie de bon sens.

● Oui, mon dieu, oui ★★★ ½ ☆

Un film de Karen Maine

Avec Natalia Dyer, Timothy Simons, Wolfgang Novogratz

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