Le Journal de Montreal - Weekend
TENDRE VERS LE BIEN-ÊTRE
À chacun de ceux qui éprouvent des difficultés ou qui sont en souffrance, le docteur Jérôme Palazzolo propose, par diverses méthodes inspirées de la psychologie expérimentale des neurosciences, de mieux s’orienter, et à saisir ses priorités tout en développant ses facultés afin de tendre vers le mieux-être.
« La psychologie positive ne doit pas être confondue avec la pensée positive », lance d’emblée l’auteur Jérôme Palazzolo, qui est médecin psychiatre spécialisé en psychopharmacologie et psychothérapeute cognitivo-comportementaliste. « La psychologie positive est une véritable science, construite grâce à des recherches rigoureuses suivant des protocoles expérimentaux bien définis, basés sur des expériences scientifiques validées. Il ne s’agit donc pas d’une méthode miracle ou d’un courant parallèle, c’est une discipline à part entière. »
L’auteur et psychiatre, qui, dans sa pratique thérapeutique, collabore avec son patient afin de résoudre un problème particulier à l’aide de stratégies évaluées scientifiquement, a choisi d’inclure la psychologie positive dans son arsenal thérapeutique, l’objectif étant pour la personne d’aller bien rapidement, et ce, pendant longtemps.
À l’heure où nous sommes en pleine pandémie avec toutes les contraintes que l’on y associe, il peut sembler difficile pour plusieurs d’adopter une attitude constructive et un état d’esprit positif, tandis que la détresse psychologique n’est pas bien loin.
« En fait, l’objectif au niveau psychologique est de choisir ses combats. Le confinement, la pandémie, le port du masque et la distanciation sociale, on ne peut rien y faire, donc cela ne sert à rien de pester ou de se lamenter par rapport à tout cela », souligne l’auteur, qui est aussi professeur de psychologie médicale à l’Université internationale Senghor d’Alexandrie et enseigne à l’Université Côte d’Azur. Conscient néanmoins que cela génère un stress, le psychiatre évoque l’idée d’accepter la situation.
« Afin de lutter efficacement contre le stress, il faut dans un premier temps accepter la situation tout en se rappelant qu’accepter ne veut pas dire renoncer. Cette acceptation est primordiale et son déni peut avoir des conséquences psychologiques et physiques. Le corps se crispe et du stress est rajouté au stress, explique-t-il. En cas de stress majeur, l’action la plus simple à mettre en oeuvre est de respirer profondément en respectant un rythme lent. Pratiquer cette respiration profonde va activer un processus qui aura tendance à stopper les réactions physiologiques négatives liées au stress. »
CHOISIR LE BONHEUR
De plus, il ajoute l’importance de se concentrer sur le moment présent. « Les situations de stress entraînent l’esprit dans un avenir par définition anxiogène et incertain. Tout en respirant profondément, il faut se focaliser sur le moment présent, car le pire tant anticipé n’est jamais certain. »
Dans son ouvrage, l’auteur prouve, par la recherche en psychologie positive, que le bonheur mène au succès dans pratiquement tous les domaines de l’existence. Une analyse historique réalisée en 2005, qui a recensé plus de 200 études menées sur près de 275 000 personnes à travers le monde, a conclu que les individus les plus heureux, soit ceux qui présentent le niveau de bienêtre le plus élevé, sont les personnes les plus équilibrées : elles vivent plus longtemps, elles sont moins sujettes aux accidents et rencontrent plus de succès dans leurs entreprises personnelles et professionnelles. « Ce sont aussi celles qui sont plus productives, plus créatives, qui réfléchissent plus rapidement et de manière plus efficace, elles mettent plus d’ardeur au travail, elles sont plus attentionnées et altruistes, elles sont également plus engagées socialement et semblent plus chanceuses que les autres », illustre Jérôme Palazzolo, qui se qualifie d’éternel optimiste qui ne baisse jamais les bras.
Pour choisir la voie du bonheur, plusieurs facteurs sont à intégrer dans notre mode de vie, notamment, éprouver des émotions positives qui suscitent un sentiment de plénitude influençant positivement nos comportements, s’accorder des petits plaisirs au quotidien, favoriser la zénitude afin de demeurer dans un état de paix, s’émerveiller en développant notre sensibilité à la beauté, adopter une attitude constructive et développer la résilience permettant de s’adapter aux défis de la vie.
Par ailleurs, la gratitude est indissociable de la psychologie positive, car lorsque l’on apprécie une chose, sa valeur augmente et on est alors en mesure de prendre conscience qu’on se donne du mal pour l’obtenir « C’est l’un des antidotes les plus puissants contre les émotions négatives, puisque cela vient contrecarrer la tendance naturelle de l’homme à se contenter à un niveau de bien-être médiocre », fait remarquer l’auteur.
ÉTABLIR SES OBJECTIFS
Établir ses objectifs est également primordial pour réussir à atteindre le bonheur. « Il y a des sujets qui ne se donnent pas les moyens d’atteindre leurs objectifs, alors que d’autres se fixent des objectifs trop ambitieux ou trop exigeants, précise le psychiatre. Si on n’atteint pas les objectifs fixés, cela peut être l’occasion d’analyser les choses et de changer de stratégie. »
L’important dans l’exercice est d’être en accord avec ses propres valeurs.
« Étant donné que chaque parcours est nécessairement émaillé de succès et d’échecs, le tout est de ne pas rester bloqué sur ses échecs, il faut plutôt en faire une force », conclut Jérôme Palazzolo.