Le Journal de Montreal - Weekend
SÉDUIT PAR LA LOUISIANE
Plus connu sous son nom de plume Ian Manook, auteur de plusieurs best-sellers de renommée internationale, Roy Braverman complète sa fameuse trilogie américaine avec un thriller à lire absolument. Freeman se déroule en Louisiane, pendant un ouragan d’une rare violence. Et cette violence se répercute aussi dans les murs de la maison du boss de la mafia locale, avec de lourdes conséquences.
L’intrigue débute à Patterson, en Louisiane, lorsque deux millions de dollars disparaissent de la maison d’un mafieux, lors d’un ouragan. Pendant la traque, un « parrain » amateur de cocktails va croiser toute une galerie de personnages, y compris un collecteur de dettes arménien assez coloré.
Ian Manook, avec la même passion pour le nature writing que dans les deux tomes précédents (Hunter, Crow), entraîne les lecteurs au coeur d’un bayou de la Louisiane. Le thriller est rythmé par les notes de zydeco, assaisonné d’épices de l’incomparable cuisine cajun, et marqué par la présence menaçante des alligators.
SÉDUIT PAR LA LOUISIANE
Dans ce troisième et dernier tome de la série, Ian Manook voulait parler de la Louisiane, un rêve qu’il caressait depuis longtemps. « J’ai toujours été séduit par la Louisiane, en tant que région, paysage, culture, et j’attendais d’avoir un peu d’expérience pour essayer de m’attaquer à ce territoire où James Lee Burke règne en maître. Sur le plan de l’écriture, ça me tentait beaucoup de faire un roman policier sur la Louisiane. »
Il s’est rendu sur place plusieurs fois, la première étant en 1969. « La Louisiane, c’est fascinant, parce que c’est une culture qui nous est proche, aux Québécois comme à nous. Et puis, c’est en même temps très symptomatique de ce que nous vivons : une érosion de toutes les cultures particulières, au profit d’une sorte de culture générale, un peu sans goût. »
« Ce qui me fascinait, c’était de voir comment, après l’ouragan Katrina, les choses se sont aggravées pour la Louisiane. La première façon, c’est qu’on se rend compte que les premiers réfugiés climatiques américains seront les Louisianais. »
CULTURE ÉRODÉE
Il voulait aussi aborder comment, après Katrina, les autorités avaient empêché
√ L’écrivain français Patrick Manoukian est plus connu sous le pseudonyme de Ian Manook.
√ Il a publié chez Albin Michel la série Yeruldelgger, vendue à plus de 385 000 exemplaires.
√ Le premier opus de la série a été récompensé par le Prix des lectrices de Elle, le prix SNCF du polar et le prix Quais du polar.
√ Freeman est le dernier titre d’une trilogie publiée chez Hugo Thriller sous le pseudonyme de Roy Braverman (Hunter, Crow, Freeman). les populations noires de revenir et d’être réintégrées dans la culture.
« La Nouvelle-Orléans restera toujours La Nouvelle-Orléans. Il y aura toujours le quartier français et le Carnaval, mais sans ce socle profond de culture à la fois indienne, française et noire qui irriguait les vraies racines du Carnaval. Ça m’intéressait de mettre cela en filigrane dans une aventure policière. »
NATURE WRITING
Les scènes d’action sont d’ailleurs excellentes et le nature writing teinte le roman : la nature règle la vie des habitants, leur mode de vie. « Mon leitmotiv, la chose que j’ai constatée, grâce à mes voyages, c’est que la nature détermine l’homme. La nature a un impact direct sur le physique de l’homme, mais aussi sur son comportement, ses émotions, sa façon de réagir. Cette trilogie américaine, je l’ai voulue comme trois essais sur cette réflexion-là. »
Et en Louisiane, c’est plus fort qu’ailleurs ? « Mon roman préféré, c’est Mato
Grosso, qui se déroule au Brésil, et mon thriller préféré, c’est Freeman .La raison est assez simple : dans les deux, on est dans une atmosphère tropicale. Dans mes voyages, même si j’ai été très marqué par les atmosphères minérales, comme en Islande, en Alaska et en Mongolie, j’ai été encore plus marqué par les atmosphères tropicales. Je pense que la moiteur, l’humidité, la chaleur délitent les sentiments des hommes, leur courage, leur résistance. »