Le Journal de Montreal - Weekend

SEUL JASON SEGEL VAUT LE DÉTOUR

Un film de Gabriela Cowperthwa­ite. Avec Jason Segel, Dakota Johnson et Casey Affleck

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

L’histoire d’amitié et de cancer du film Notre ami est malheureus­ement trop générique pour être efficace.

Matthew (Casey Affleck) et Nicole (Dakota Johnson) sont mariés et parents de deux enfants. Lorsque Nicole est atteinte d’un cancer des ovaires métastasé, leur meilleur ami Dane (Jason Segel qui porte le long métrage) vient vivre avec eux afin de les aider. Voici, en deux phrases, le résumé de ce long métrage tiré d’un article écrit par le journalist­e Matthew Teague dans le magazine Esquire après la mort de sa femme.

L’histoire étant vraie, cela devrait la rendre plus émouvante qu’une fiction. Malheureus­ement, ce n’est pas le cas. Alors que le texte du journalist­e prend aux tripes (il est encore trouvable sur le site du mensuel sous le titre

The Friend: Love Is Not a Big Enough Word), le film est trop brouillon pour être efficace. Mêlant sans cesse retours en arrière (l’histoire du couple) et présent (le cancer), Notre ami perd de son intensité. S’ils expliquent parfois certaines choses (la durée de l’amitié du couple avec Dane, notamment), les retours ne servent pas l’histoire et donnent trop souvent l’impression de n’être que du remplissag­e.

Certains moments du cancer de Nicole sont criants de vérité, et les cinéphiles qui ont vécu une telle situation s’y reconnaîtr­ont facilement. L’annonce de la mort prochaine de leur mère aux deux fillettes, l’exode des amis, la lourdeur des traitement­s médicaux, les conflits entre Matthew et Nicole, entre autres, sont écrits par le scénariste Brad Ingelsby, mis en scène par la réalisatri­ce Gabriela Cowperthwa­ite (qui nous a livré le bon Megan Leavey) et joués par les acteurs avec beaucoup de finesse. Malheureus­ement, cela ne suffit pas à rendre les 124 minutes de cette production inoubliabl­es.

Il y manque un message clair, une prise de position, un commentair­e social et surtout, une émotion palpable qu’on retrouve dans l’excellent Ma vie (film de 1993 avec Michael Keaton et Nicole Kidman). Car on sent la volonté de Brad Ingelsby d’appliquer une recette afin de générer artificiel­lement une tristesse qu’on ne ressent donc pas. Devant Notre ami, nul besoin de retenir ses larmes, nul besoin de sortir les mouchoirs. On reste malheureus­ement de marbre devant cette histoire qui aurait mérité un meilleur traitement.

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