Le Journal de Montreal - Weekend

FAIRE FLEURIR DES SOUVENIRS

- MARIE-FRANCE BORNAIS

L’émouvante et très talentueus­e écrivaine montréalai­se Catherine Mavrikakis évoque le souvenir de sa mère, récemment décédée, dans son nouveau roman, L’absente de tous bouquets. Vraie conversati­on littéraire pour faire le deuil et évoquer des souvenirs – les bons comme les moins bons – ce récit-hommage est un appel à des temps meilleurs, à une renaissanc­e, à un jardin qui fleurira à nouveau.

Catherine Mavrikakis rend hommage à sa mère, dont elle avait déjà parlé dans son roman précédent, L’Annexe. Cette fois, elle y revient, en juxtaposan­t ses souvenirs avec un univers botanique fascinant.

« Ma mère aimait beaucoup les fleurs. Moi aussi, j’aime les fleurs, j’aime offrir des fleurs et j’aimerais être capable de les faire pousser sans les faire crever. Je n’ai vraiment pas le pouce vert, mais je suis prête à apprendre ! », commente-t-elle, en ajoutant qu’elle ne vient pas de la terre.

« Ma mère venait de la campagne. Elle avait une horreur de sa campagne parce qu’elle avait honte de ses origines », dit l’écrivaine en précisant que sa mère avait grandi dans la région de Caen, en France, avant de s’établir à Montréal.

ÉCRITURE QUOTIDIENN­E

Catherine Mavrikakis a écrit tous les jours, pendant un an, après le décès de sa mère, morte le jour de son anniversai­re. « J’avais beaucoup de peine et d’avoir un moment dédié à ma mère, pas juste pour pleurer. Je voulais un moment où je me concentrai­s là-dessus, où je réfléchiss­ais. J’ai fini le 31 mai. Ça a été comme un accompagne­ment de mon deuil, tout le temps. »

Le plus dur a été d’arrêter d’écrire. « J’ai eu l’impression que ma mère n’était plus là. » Elle a toutefois le sentiment que l’écriture l’a vraiment aidée à traverser le deuil. « C’est un passage de ma vie. »

LE NON-AMOUR

L’écrivaine n’a pas eu une relation facile avec sa mère et elle en parle dans le roman. « J’ai beaucoup souffert de son non-amour. J’avais envie d’avoir une dernière conversati­on avec elle, dans le livre. Je voulais lui parler une dernière fois pour qu’elle sache un peu, dans mon esprit, ce que je pensais, ce que j’avais vécu. »

Sa mère avait vécu la Seconde Guerre mondiale, une sale époque en Europe. « Une de ses amies, qui a vécu en France à la même époque, m’a dit qu’elle avait sûrement été traumatisé­e pendant la guerre. Qu’il s’était passé des choses qu’elle n’avait jamais dites. Et que peut-être, ça venait de ça. J’en sais rien. »

Catherine démontre pourtant, dans le livre, à quel point elle était dévouée à sa mère. « Elle a fait ce qu’elle a pu. C’est la petite en moi qui parle. La grande fille ou la femme que je suis pourrait lui pardonner, mais la petite fille en moi a du mal à lui pardonner. On a divers âges en nous : la femme comprend, mais l’enfant en moi est restée un peu blessée. »

Replonger dans tout cela lui a fait mal, mais en même temps, elle y est allée franchemen­t. « Il y avait quelque chose de soulageant de le dire, ou de le dire une dernière fois. »

 ??  ?? √ Catherine Mavrikakis a publié une dizaine de romans.
√ On lui doit, entre autres, Le ciel de Bay
City, L’Annexe et Les derniers jours de Smokey Nelson.
√ Son oeuvre a été traduite en plusieurs langues et a été maintes fois récompensé­e.
√ Elle a reçu, entre autres, le Prix des collégiens, le Prix des libraires et le Grand prix du livre de Montréal.
√ Catherine Mavrikakis a publié une dizaine de romans. √ On lui doit, entre autres, Le ciel de Bay City, L’Annexe et Les derniers jours de Smokey Nelson. √ Son oeuvre a été traduite en plusieurs langues et a été maintes fois récompensé­e. √ Elle a reçu, entre autres, le Prix des collégiens, le Prix des libraires et le Grand prix du livre de Montréal.
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184 pages
L’ABSENTE DE TOUS BOUQUETS Catherine Mavrikakis Éditions Héliotrope 184 pages

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