Le Journal de Montreal - Weekend

LE CHEF-D’OEUVRE DE JONI MITCHELL A 50 ANS

Le 22 juin 1971, une jeune Canadienne née en Alberta et qui a grandi en Saskatchew­an lançait un album qui allait devenir un opus important de l’histoire de la musique. Blue, qui vient d’avoir 50 ans, est considéré par le magazine Rolling Stone comme le tr

- YVES LECLERC Le Journal de Québec yves.leclerc @quebecorme­dia.com

Un album qui se classe derrière What’s Going On de Marvin Gaye et Pet Sounds des Beach Boys et devant Abbey Road des Beatles et Rumours de Fleetwood Mac.

Joni Mitchell, de son vrai nom Roberta Joan Anderson, avait 27 ans lorsqu’elle a écrit, en Grèce, les 10 chansons que l’on retrouve sur les 36 minutes de l’opus Blue. Un album qui atteindra le million d’exemplaire­s vendus.

Joni Mitchell avait obtenu du succès avec les opus Clouds et Ladies of the Canyon, lancés en 1969 et en 1970, avant d’entrer dans les studios A&M, à Hollywood, en Californie, pour l’enregistre­ment de son quatrième album.

Clouds avait été décoré d’un Grammy et Ladies of the Canyon, qui s’est vendu à 500 000 copies, a été un succès sur les ondes FM, avec les pièces Big Yellow Taxi et Woodstock, qu’elle a écrite et qui avait déjà été popularisé­e par Crosby, Stills, Nash and Young.

UNE MISE À NU

Blue explore différente­s facettes des relations de couple. Joni Mitchell a écrit les chansons de ce disque au moment où sa relation avec Graham Nash vivait ses derniers soubresaut­s et où elle entamait celle, qualifiée d’intense, avec James Taylor.

Une mise à nu sur l’engouement, l’insécurité, les regrets, la tristesse, le conflit entre l’amour et la liberté, et qui aborde aussi la désillusio­n et le désenchant­ement de toute une génération.

« C’est une descriptio­n de cette époque. Il y a eu beaucoup de naufrages et je devais continuer de penser que j’étais capable de traverser ces vagues. Après Woodstock, le mouvement hippie a sombré dans la dépression de la drogue et il a traversé une décennie d’apathie, où ma génération a sucé son pouce et décidé, ensuite, d’être avide », a raconté l’auteure, compositri­ce et interprète dans le livre Will You Take Me As I Am : Joni Mitchell’s Blue Period, de Michelle Mercer.

Blue est un des premiers albums d’une artiste majeure dans le monde du rock et de la pop où une interprète s’ouvre autant. L’album, rempli de vulnérabil­ité, est considéré comme le disque ultime d’accompagne­ment pour une séparation.

ÊTRE VRAIE

Kris Kristoffer­son a été la première personne à qui Joni Mitchell a fait écouter l’album. Il trouvait qu’elle s’ouvrait beaucoup trop et qu’elle devait conserver certaines choses pour elle.

« À cette période de ma vie, je n’avais aucune défense personnell­e. Je me sentais comme un emballage de cellophane sur un paquet de cigarettes. J’avais l’impression de n’avoir aucun secret pour le public. Je ne pouvais donc pas prétendre que j’étais forte ou heureuse », a-t-elle raconté dans une entrevue publiée dans les pages du magazine Rolling Stone en 1979.

De plus en plus présente dans le paysage musical, Joni Mitchell a donc pris la décision de se révéler plus intimement avec Blue.

« Je réalisais qu’il y avait beaucoup de gens qui m’écoutaient. Je me suis dit qu’ils feraient mieux de découvrir qui ils vénèrent. Je voulais vérifier s’ils étaient capables de prendre ça. J’ai choisi d’être vraie et j’ai écrit Blue », a-t-elle indiqué en 2013.

Le dulcimer est l’instrument de musique qui a contribué au son distinctif de Blue. Un son que l’on retrouve sur les pièces A Case of You, All I Want, California et le succès Carey. Sur Blue, Joni Mitchell chante et joue de la guitare, du piano et du dulcimer.

« J’étais partie en Europe avec une flûte et un dulcimer parce que c’était quelque chose de très léger pour voyager avec un sac à dos. J’ai écrit la plupart des chansons de Blue avec cet instrument », a-t-elle raconté.

Joni Mitchell n’a jamais voulu préciser l’identité des hommes auxquels elle fait référence dans certaines chansons de Blue.

« Ça n’a pas d’importance de savoir qui ils sont. Trop d’attention est portée sur le potinage et pas assez sur l’art », a-t-elle fait savoir dans le livre de Michelle Mercer.

 ??  ?? BLUE
BLUE

Newspapers in French

Newspapers from Canada