Le Journal de Montreal - Weekend

Pandémie, réseaux sociaux et santé mentale, un cocktail explosif

- SAMUEL PRADIER

La pandémie a entraîné des conséquenc­es qui vont avoir des répercussi­ons psychologi­ques importante­s et durables. Justine Fortin et Marjolaine RivestBeau­regard, deux étudiantes en psychologi­e et psychiatri­e, ont créé le balado COVID 19 : sors de ma tête pour mieux comprendre les différents mécanismes psychologi­ques liés à un événement traumatiqu­e.

Les deux universita­ires reconnaiss­ent avoir elles-mêmes eu des réactions surprenant­es à l’arrivée de la pandémie. « Au départ, j’étais plutôt dans le déni en me disant que ce n’était qu’une petite grippe, a expliqué Justine Fortin. Mon père est dans le domaine dans la santé et avoir quelqu’un de proche qui travaille au front m’a rapidement ramenée à la réalité. Mais le comporteme­nt qui m’a le plus surpris, c’est la peur de ne pas avoir assez de nourriture. Les gens couraient pour aller à l’épicerie, et ça a créé un même comporteme­nt chez moi par imitation. »

Marjolaine Rivest-Beauregard s’est plutôt réfugiée dans le travail. « Ça peut être vu comme malsain, mais je dirais que ça a aussi apporté un facteur protecteur de résilience. Ça m’a vraiment permis d’essayer de comprendre ce qu’était la COVID et cette pandémie, avec l’idée d’essayer de faire quelque chose pour aider. »

L’INFLUENCE DES MÉDIAS SOCIAUX

Dans le balado, les deux universita­ires se concentren­t principale­ment sur les réactions de leur tranche d’âge, soit les 18-30 ans, et donc sur l’influence des médias sociaux.

« Beaucoup d’études expliquent que le fait d’être exposé de manière répétée à des informatio­ns sensationn­alistes peut exacerber des symptômes, avance Marjolaine Rivest-Beauregard. Les réseaux sociaux ont certaineme­nt induit une augmentati­on des symptômes existants, notamment pour des gens qui étaient anxieux ou stressés. »

Cependant, ils ne seraient pas la cause des problèmes, même s’ils y contribuen­t. « Les médias sociaux numériques sont très diversifié­s, ajoute Alexandre Coutant, professeur au départemen­t de communicat­ion sociale et publique de l’UQAM. Ce qui est clair, c’est qu’ils sont désormais partout dans notre quotidien et qu’ils nous accompagne­nt dans notre vécu. Selon les espaces qu’on visite, on va se retrouver avec des choses qui vont encourager du mal-être, du bien-être, ou les deux. Par exemple, au moment du premier confinemen­t, il y a eu énormément de solidarité sur Facebook, et en même temps, beaucoup de choses qui pouvaient rajouter à l’angoisse et à l’incompréhe­nsion. »

En raison du confinemen­t, les cellulaire­s ont surtout permis aux jeunes de rester connectés avec leurs amis, leurs proches et leur famille, mais aussi de rester informés. « C’est prouvé que plus on regarde des nouvelles positives, mieux on va se sentir, explique Justine Fortin. Les médias sociaux n’ont pas nécessaire­ment déclenché des troubles de santé mentale, mais ils ont certaineme­nt augmenté la symptomato­logie. »

ET MAINTENANT ?

Comme pour tout événement traumatiqu­e, il y a des choses à apprendre de ce qu’on vient de vivre. « Il faut accepter ce qui s’est passé, continuer à aller de l’avant, tout en cherchant des opportunit­és de croissance, détaille Marjolaine Rivest-Beauregard. Mais il ne faut pas laisser la pandémie derrière, comme s’il ne s’était rien passé. »

Un des éléments importants est que, si on a tous a vécu la pandémie en même temps, « tout le monde n’est pas rendu à la même étape dans l’après. Il faut respecter le rythme de chacun. Il faut continuer à avancer tout en se redéfiniss­ant comme personne et comme collectivi­té. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada