Le Journal de Montreal - Weekend

ASSAGI MAIS TOUJOURS ÉNERGIQUE

- ÉRICK RÉMY

Quand on le voit, assis sur la terrasse de son condo au bord du fleuve, filiforme et énergique, en jeans avec ses espadrille­s blanches et ses verres fumés, on a de la difficulté à croire qu’il a 84 ans. S’il semble défier le temps, Joël Denis sait trop bien que celui-ci lui est compté.

« La pandémie m’a beaucoup fait réfléchir. Durant cette période, j’ai commencé à écrire ma biographie – moi qui avais toujours refusé de le faire ! – avec l’aide d’un coauteur, Michel Bureau. Cela m’a fait prendre conscience de plusieurs choses. Je m’aperçois que j’ai dormi au gaz pendant longtemps. Un peu comme tout le monde, il est rare qu’on aime sortir de notre zone de confort. Moi, ça m’a amené à monter une marche, une grosse marche », avoue-t-il avec une dose d’humilité.

À la barre de Jeunesse d’aujourd’hui avec Pierre Lalonde (1962-1965), visage publicitai­re de Seven Up !, interprète de moult succès musicaux tels que Hey! Hey ! Lolita et Ya Ya, et animateur avec Pierre Marcotte et Shirley Théroux aux Tannants (1972-1976), il faisait flèche de tout bois à l’époque.

« Dans les années 1960, je gagnais plus de 250 000 $ par an. Je l’ai eu facile à mes débuts, mais à la dure ensuite. Souvent, j’arrivais sur les plateaux sans avoir répété ou appris mes textes. Pour moi, la vie était un party. Puis un jour, ça n’a plus suffi d’être drôle et gentil. J’avoue avoir terribleme­nt manqué de discipline. Pourtant, Pierre Lalonde et Pierre Marcotte étaient très discipliné­s. J’aurais dû m’inspirer d’eux », avoue-t-il, ajoutant qu’il était capable du meilleur et du pire.

Alors que Pierre Lalonde est mort des suites du Parkinson à 75 ans, en 2016, lui est toujours en santé, malgré une vie d’excès.

« On s’entendait comme larrons en foire. Lui, le séducteur, et moi, l’amuseur. Quand on sortait ensemble, avant qu’il soit marié, c’était moi qui faisais les premiers pas pour nous deux. Il n’en revenait pas de mes succès auprès des femmes ! Mon talon d’Achille a toujours été les femmes. J’aimais mon épouse, mais... même si je n’avais pas de maîtresses, j’avais des aventures d’un soir, alors, elle n’a pas eu d’autre choix que de me laisser. Je n’étais pas assez sérieux. J’étais incapable d’être fidèle. »

RÉVÉLATION SUR LA FIN D’UNE AMITIÉ

Parmi ses conquêtes féminines et aventures rocamboles­ques, il y en a une qui a irrémédiab­lement brisé son lien d’amitié avec Lalonde. Il précise qu’il n’en avait jamais parlé jusqu’à présent.

« J’ai eu une brève relation avec sa soeur, Andrée. L’épouse de Pierre, Claire, et lui nous avaient invités à souper. On avait trop bu. Excédé, il nous avait mis à la porte. Plutôt que de partir immédiatem­ent, pour le narguer un peu, on avait fini notre bouteille de vin sur l’aile de son auto », raconte-t-il, à la fois amusé et repentant. Cela a été la dernière fois qu’ils se sont fréquentés.

L’adepte de la fête avoue toutefois que, depuis un an, il ne boit qu’un verre à l’occasion.

Loin d’être riche, mais vivant dans un certain confort, il partage sa vie avec ses deux chats, Douce et Cookie. Célibatair­e depuis sa dernière rupture amoureuse il y a cinq ans, il envisage de plus en plus de finir ses jours seuls.

Pour lui, la période de solitude imposée par la pandémie n’a pas été qu’introspect­ive, mais aussi créative. Sentant la nécessité de mettre la barre plus haut pour finir sa carrière dans un crescendo, il s’est donné comme mandat de surprendre encore ses admirateur­s.

Les nouveaux spectacles de Joël Denis seront présentés à travers le Québec.

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