Le Journal de Montreal - Weekend

DANS L’UNIVERS MUSICAL D’EMAN

Fier pionnier de la communauté rap de Québec et membre fondateur d’Alaclair Ensemble, Eman a profité de la dernière année pour laisser aller sa créativité débordante.

- STÉPHANE PLANTE

Le rappeur Emmanuel Lajoie-Blouin, mieux connu sous le nom Eman, lançait plus tôt cette année l’album JEFFERSON CHIEF (Un cheval québécois) en collaborat­ion avec DJ GENERICTM.

En plus de son CV impression­nant en tant que musicien et rappeur, son érudition musicale et sa curiosité lui ont fait explorer plus d’un genre en tant que mélomane averti.

Eman, as-tu été plus productif durant la pandémie ?

Oui. C’était cool pour ça, j’ai vraiment gardé le focus sur la création.

En quoi la scène hip-hop de Québec diffère-t-elle de celle de Montréal ?

Quand j’étais jeune, parce que Québec est plus petit, les gens étaient tout de suite enclins à collaborer. Les gens plus vieux que nous, comme les gens de Limoilou Starz, comme Webster, ont tout de suite voulu travailler avec nous.

Qu’est-ce qui jouait dans la maison quand tu étais jeune ?

Mon père est un énorme fan de jazz. Thelonious Monk, Miles Davis. Il a eu aussi une passe Jimi Hendrix. Il y avait beaucoup de musique afro-américaine qui jouait chez moi. Mes parents écoutaient aussi un peu de chanson française comme Jacques Brel. Quand je suis tombé dans la collection de vinyles de jazz de mon père, je me suis rendu compte que j’avais tous les vinyles pour faire de l’échantillo­nnage.

Écoutais-tu des groupes comme A Tribe Called Quest, qui utilisaien­t beaucoup de sampling de jazz ?

Oui, à fond ! Ces beatmakers m’ont beaucoup touché. Comme Q-Tip, par exemple. Ma grande soeur avait beaucoup écouté l’album Like Water For Chocolate de Common. Et des trucs d’Erykah Badu aussi. J’ai découvert que dans la discograph­ie de ma soeur, le dénominate­ur commun c’était J Dilla. Tous les albums sur lesquels elle tripait étaient produits par J Dilla.

Quel album t’a fait découvrir le hip-hop ?

Naughty By Nature, c’est la première cassette que j’ai demandée à mes parents. C’est l’album avec O.P.P. Puis j’ai été introduit à Kriss Kross. Je n’avais pas tant tripé, mais j’avais des amis qui s’habillaien­t avec les pantalons à l’envers. C’était très drôle. Un de mes bons amis me faisait écouter Cypress Hill, Wu-Tang Clan.

Le premier album de rap québécois que tu as aimé ?

514-50 dans mon réseau de Sans pression. Aussi, L’accent grave d’Yvon Krevé. Mais si tu me le demandes aujourd’hui avec du recul, j’ai l’impression que le meilleur groupe de rap québécois qui a jamais existé c’est vraiment Muzion.

Quel artiste t’as donné le goût de faire de la scène ?

Jimi Hendrix. J’ai réussi à avoir une vidéo en VHS d’un de ses spectacles. Je venais de découvrir la guitare aussi. Je me suis dit « C’est du pur génie ! » Son attitude était parfaite.

À part Jimi Hendrix, écoutes-tu des artistes d’un autre style que le rap ?

Il y a plein d’artistes de jazz contempora­in des États-Unis que j’admire : Thundercat, Robert Glasper, le batteur Karriem Riggins. Des gens qui ne sont pas nécessaire­ment dans le rap, mais qui connaissen­t tout de cette culture-là. Ils baignent dedans.

Qui est à surveiller selon toi dans la jeune génération de rappeurs ?

Il y a un chanteur, plus R’n’B que rap, qui s’appelle Amen Deniro. Un autre qui est vraiment fort aussi, White-B. À mon sens, ils sont déjà de très grands musiciens.

Ton meilleur documentai­re sur le hip-hop, ce serait quoi ?

J’ai beaucoup aimé Hip-Hop Evolution. Aussi, The Defiant Ones, le documentai­re sur le boss des disques Interscope. C’est incroyable ! D’un côté, tu as le parcours de Jimmy Iovine d’Interscope et d’un autre côté tu as le parcours de Dr. Dre. J’ai beaucoup aimé le documentai­re sur A Tribe Called Quest (Beats, Rhymes and Life: The Travels of a Tribe Called Quest).

Pour suivre ses activités, rendez-vous sur la page Facebook d’Eman.

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