Le Journal de Montreal - Weekend

DÉCOUVRIR NOTRE PHARMACIE NATURELLE

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Connaissez-vous les vertus curatives des têtes de pavot, de la tisane de camomille, du vin de pissenlits ou des cataplasme­s de pommes râpées ? Pour soigner divers maux, les recettes de grand-mère tirées de la pharmacopé­e naturelle ont longtemps eu leur place au Québec. L’historienn­e et agricultri­ce bio Mia Dansereau-Ligtenberg raconte leur histoire dans un livre magnifique­ment illustré par Mathilde Cinq-Mars, Les remèdes de grand-mère au Québec.

Comme Mia le montre dans son ouvrage, les remèdes de grand-mère étonnent par leur diversité et leur place dans la pharmacie des familles d’antan, qui devaient se débrouille­r avec ce qu’elles avaient sous la main. Aussi utilisait-on des rognons de castor et du sirop de lilas, diverses infusions et procédés pour se soigner.

On pouvait utiliser la gomme de sapin pour cicatriser des plaies, de la racine de rhubarbe pour contrer l’inflammati­on des gencives, venir à bout de la nausée en mâchouilla­nt un bout de gingembre frais et faire une compresse avec du thé de fleurs de sureau pour apaiser les yeux fatigués.

L’historienn­e s’intéresse aux plantes médicinale­s et aux recettes d’apothicair­e depuis longtemps. « Déjà au secondaire, avec des amis, on s’est mis à s’intéresser à ça beaucoup. On achetait des livres sur le sujet, on allait faire de la cueillette en forêt. Ça a toujours fait partie de mon environnem­ent social et familial. »

Elle est d’avis qu’au Québec, on a une belle pharmacopé­e, tant pour ce qui pousse au jardin que ce qu’on trouve en pleine nature. « Il y a beaucoup de plantes qui poussent très bien et qui sont très intéressan­tes. Chaque petit écosystème a ses plantes intéressan­tes, par exemple les plantes de bord de chemin ou de champs sauvages. Une tisane de verge d’or, au moment des rhumes des foins, ça peut vraiment aider. »

SAVOIR NATUREL PERDU

Elle s’est abondammen­t documentée. « J’ai travaillé beaucoup sur le début du 20e siècle, parce que c’était encore courant de se soigner à la maison avec ce qu’on avait sous la main. C’était tellement courant que c’était dans les grands médias de l’époque. »

Mia Dansereau-Ligtenberg explique que l’arrivée des médicament­s d’origine industriel­le a provoqué une vraie chasse aux ramancheur­s, rebouteurs et autres sorcières herboriste­s, ce qui a provoqué une perte du savoir naturel.

« Après la Deuxième Guerre mondiale, l’assurance maladie est arrivée, donc les soins de santé sont devenus accessible­s et universels pour tout le monde. Donc on a beaucoup moins la nécessité de s’arranger avec les moyens du bord. Dans les années 1920 et 1930, aller voir le médecin, c’était excessivem­ent cher pour une famille ouvrière. Après la Deuxième Guerre mondiale, on entre dans un esprit de modernité et les gens ont délaissé tout ce qui était un peu vieux jeu. »

Mia utilise quelques-unes de ces recettes, toujours pour des affections bénignes.

« Il ne faut pas croire qu’on peut tout remplacer... J’ai étudié aussi en histoire de la santé et honnêtemen­t, les antibiotiq­ues ont changé le cours de l’humanité de façon drastique. Mais une petite huile macérée avec des fleurs de calendule, ça fait des miracles pour tous les petits bobos de peau ! »

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REMÈDES DE GRAND-MÈRE AU QUÉBEC Mia Dansereau-Ligtenberg et illustrati­ons Mathilde Cinq-Mars Éditions Marchand de feuilles, 190 pages

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