Le Journal de Montreal - Weekend
UN ROMAN PORTEUR D’ESPOIR
Écrivaine maintes fois récompensée, Sonia K. Laflamme traite avec beaucoup de sensibilité de sujets difficiles dans un road novel étonnant, porteur d’espoir, Mamu. Elle y raconte l’histoire de Jack, un homme aux origines métissées, qui ne semble trouver sa place nulle part. En quête de sens, en quête d’identité, en quête de lui-même, il quitte la communauté innue où on le surnomme « La Pomme » et part sur les routes américaines, de Chicago à Oklahoma City.
Seul sur les routes, à 17 ans, Jack fait des rencontres surprenantes et déterminantes, qui vont lui permettre de déconstruire de fausses croyances et de jeter les bases d’une identité solide. Jamais il ne perd le profond désir qu’il a d’aider les membres de sa communauté, aux prises avec une vague de suicides. En lui naît un grand et noble projet.
Sonia K. Laflamme, diplômée en criminologie et en anthropologie et fan de road trips (elle a fait la Route 66 trois fois), s’intéresse depuis longtemps aux nations autochtones et aux questions d’identité et de métissage. Ces sujets sont au coeur de ce premier roman grand public, à l’écriture riche et d’une grande profondeur.
« J’ai toujours eu une sensibilité face à la cause autochtone », dit-elle, en entrevue. « J’ai fait mon arbre généalogique et j’ai accès seulement au quart de mon arbre parce que ma mère et ma grandmère paternelle ont toutes les deux été adoptées. Quand tu sais que les trois quarts de ton arbre généalogique se sont un peu perdus dans la brume, tu te poses des questions et tu te demandes : est-ce que ça se pourrait que cette sensibilité naturelle vienne de l’ADN aussi ? »
Longtemps, elle a cru être elle-même d’origine métissée. « Il y a quelques années, j’ai fait faire mon analyse d’ADN [...] et non... je suis 100 % européenne. »
Pourquoi parler de la quête d’identité à travers le métissage, et tout particulièrement avec les Innus ? « Historiquement parlant, en Amérique du Nord, ça a été un des premiers métissages qu’on a vécus, qu’on a connus. Je trouvais que c’était normal d’en parler et important de le souligner. »
APPORT DE JEUNES DE PESSAMIT
Son personnage, Jack, est à moitié blanc, à moitié innu. Grâce à l’aide d’une enseignante de la communauté innue de Pessamit, Dahna Gravelle, Sonia a interviewé par courriel des élèves autochtones et métis pour se documenter.
« Je leur ai envoyé un questionnaire qui s’adressait vraiment à des jeunes. J’ai aussi fait des entretiens avec d’autres personnes métissées. Jack est un métis innu, mais je suis allée chercher des commentaires, du vécu de personnes qui vivaient un autre type de métissage. Je voulais avoir un portrait plus complet, différentes réalités. »
À travers le périple de Jack, elle voulait faire ressortir que la vie ressemble à des routes qu’on prend, à des rencontres qu’on fait au hasard. « On est le produit de ce voyage-là et de ces rencontres-là. Et qu’est-ce qu’on fait avec ça ? Il y en a qui font quelque chose avec ça, d’autres qui continuent de vivre sans retenir des leçons de la vie. Jack, lui, a décidé de faire quelque chose avec ce qu’il a appris. »
■ Sonia K. Laflamme a travaillé en milieu scolaire avant de se consacrer à l’écriture.
■ Depuis 2001, elle a signé plus d’une quarantaine de textes pour la jeunesse, dont des romans, des documentaires, des nouvelles, des articles et un essai.
■ Plusieurs de ses livres ont reçu des récompenses.