Le Journal de Montreal - Weekend

MANUEL DE LA VIE SAUVAGE SUR SCÈNE

- SAMUEL PRADIER

Deux ans après qu’on a amorcé son adaptation, le roman de JeanPhilip­pe Baril Guérard, Manuel de

la vie sauvage, va enfin vivre sur la scène du théâtre Duceppe. Le metteur en scène Jean-Simon Traversy et la comédienne Emmanuelle Lussier Martinez analysent l’évolution du processus créatif.

Si la pandémie a fermé les salles de spectacles pendant de nombreux mois, elle a aussi été un facteur de changement­s créatifs qui permettent d’apporter un autre regard sur une oeuvre. C’est le cas pour la version de Manuel de la vie sauvage, dont le personnage principal est devenu une femme.

« L’acteur qui devait jouer le rôle principal a dû se retirer, et, quand est venu le temps de le remplacer, la question s’est posée, a raconté Jean-Simon Traversy. La metteuse en scène Édith Patenaude dit souvent que si on écrit le texte en pensant au genre du personnage, on va y inclure des indication­s genrées, mais si on change le genre à la toute fin, on s’aperçoit que ça marche aussi pour l’autre sexe. On a donc changé Kevin pour Cindy, et ça fonctionne. »

Évidemment, le propos de la pièce prend une teinte différente. « On s’est vite aperçu que je ne pouvais pas asseoir mon autorité de la même façon que si j’étais un homme, a reconnu Emmanuelle Lussier Martinez, qui joue Cindy. Je dois partir avec une assurance très forte [...]. Si j’abordais le public avec plus de douceur, avec un côté plus “féminin”, j’avais l’air mielleuse ou faible. On dirait que mon espace de liberté dans le jeu est plus restreint. »

Le fait que le personnage soit féminin ajoute involontai­rement une ambiguïté dans les relations entre les personnage­s.

SPECTATEUR­S INTERPELLÉ­S

Comme dans le roman, la pièce est mise en scène selon le schéma d’une conférence. « Un peu comme dans le roman, on commence par dire : si vous êtes assis dans la salle, c’est que vous voulez gagner. C’est intéressan­t de donner cette position au spectateur dès le début. Il fallait jouer avec la conférence où il n’y a pas de quatrième mur, les acteurs parlent directemen­t à la salle. »

Avec cette façon de procéder, la comédienne sait qu’elle va devoir aller chercher les spectateur­s. « Le public peut ne pas se sentir concerné de se faire dire qu’il est ici, car il veut réussir. De la même façon, au fur et à mesure de ma lecture du roman, j’ai vite juste voulu savoir ce qui allait arriver. C’est écrit comme un thriller, et on essaie de monter la pièce de la même façon. On veut que le spectateur oublie où il est assis et se demande ce qui va arriver. »

Cette pièce sera présentée du 8 septembre au 9 octobre, au théâtre Duceppe. Infos : duceppe.com.

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Jean-Simon Traversy PHOTO AGENCE QMI, TOMA ICZKOVITS

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