Le Journal de Montreal - Weekend
CHOC DE CULTURES
Ayant toujours été fascinée par les différences culturelles, la réalisatrice Maryanne Zéhil a voulu aborder le sujet sur le ton de la comédie avec son nouveau film, La face cachée du baklava, qui dévoile un visage méconnu de la communauté libanaise.
Tourné avant la pandémie, à l’été 2019, le film La face cachée du baklava met en scène deux soeurs d’origine libanaise qui vivent de façon très différente leur intégration au Québec. D’un côté, il y a Houwayda (Claudia Ferri), qui estime avoir adopté un style de vie très occidental aux côtés de son mari québécois (Jean-Nicolas Verreault), un professeur à l’université. À l’autre bout du spectre, on retrouve sa soeur, Joëlle (Raïa Haïdar), qui est restée profondément libanaise, même si elle vit au Québec depuis plusieurs années.
Or, le jour où son amie Émilie (Geneviève Brouillette) lui propose un poste à l’université, Houwayda se rend compte qu’elle a conservé, elle aussi, sans nécessairement le vouloir, un côté traditionnel, se faisant un devoir de rester à la maison pour s’occuper de son mari.
Elle-même née à Beyrouth et installée au Québec depuis plus de 25 ans, Maryanne Zéhil (La vallée des larmes, L’autre côté de novembre) a eu l’idée d’écrire cette comédie de moeurs peu de temps après les attentats terroristes qui ont eu lieu en France, en 2015.
« Après ces attentats, je trouvais que le climat était très lourd et que les terroristes étaient en train de prendre toute la place », a expliqué la réalisatrice en entrevue au Journal.
« Ça m’attristait beaucoup de penser que les gens qui n’ont pas d’amis arabes ou libanais ou qui ne sont jamais allés dans ces pays avaient peut-être tendance à associer tous les Arabes aux terroristes, alors qu’ils ne représentent même pas 0,00001 % de la population. Je me suis dit : je les connais, moi, ces cultures. Je sais que les gens sont drôles. Je vais faire un film qui va montrer un autre visage des Arabes, et en particulier des Libanais. »
UNE PREMIÈRE COMÉDIE
Pour créer la galerie de personnages qui animent son film, Maryanne Zéhil s’est inspirée de gens qu’elle a croisés au fil des années, tant au Québec qu’au Liban.
« Ce ne sont pas tous les Libanais qui sont comme ceux qu’on voit dans mon film, mais j’ai décidé de parler de ces gens-là parce que je les trouve hauts en couleur et sympathiques, souligne la cinéaste. Ils sont totalement inconscients et ils vivent dans leur petite bulle. Je trouve ça drôle. Ça donne une légèreté. C’est un peu comme les personnages d’Almodovar qui sont complètement déjantés. Évidemment, je n’ai pas le génie d’Almodovar. Mais il y a des gens comme ça, et je voulais les montrer à l’écran. »
La face cachée du baklava marque une rupture de ton avec les trois longs métrages précédents de Maryanne Zéhil, qui étaient tous des drames. La cinéaste dit avoir abordé cette première comédie de façon instinctive et spontanée.
« Je n’ai pas réfléchi avant de me lancer là-dedans, admet la cinéaste. La comédie est un genre que je ne connais pas vraiment. Tout ce que je savais, c’est qu’il fallait que ça bouge et qu’il y ait du rythme. Je n’ai pas perdu de vue cet objectif tout au long du processus. De l’écriture du scénario au montage du film en passant par la direction des acteurs, tout a été fait en fonction de cela. Je me disais que j’allais insuffler beaucoup d’énergie au film pour voir ce que ça allait donner. C’est comme un train qui démarre : soit on embarque, soit on n’embarque pas. Et au final, ce sera au public de décider s’il embarque. »
La face cachée du baklava a pris l’affiche hier.