Le Journal de Montreal - Weekend

AU PAYS DES « BÊTES DE LA FUREUR »

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Avec beaucoup d’humour et d’intelligen­ce, la psychologu­e Ariane Hébert parle de colère aux enfants dans son nouveau conte illustré, La colère racontée aux enfants. Partis en expédition, Margot, Cédric et Frank découvriro­nt d’étonnantes statues représenta­nt les Bêtes de la Fureur. C’est drôle... mais aussi très réaliste ! À travers cette histoire irrésistib­le, elle explique les mécanismes de cette puissante émotion et les stratégies efficaces pour la « dompter ».

Lorsque ces trois jeunes partent en expédition avec leur moniteur de camp d’été, ils sont loin de se douter qu’ils arriveront en face de l’Ours enragé, du Lapin bougon, du Loup plaignard et du Hérisson effronté.

De l’autre côté de l’île mystérieus­e où ils s’aventurent, les jeunes découvrent aussi les faces cachées de la colère, ces émotions qui se camouflent derrière chaque réaction colérique et dont il faut prendre grand soin.

À la fin de l’histoire, Ariane Hébert propose une section « auto-observatio­n », qui permet de reconnaîtr­e les émotions de colère, de les anticiper, de les gérer, de faire des choix constructi­fs et de se calmer. Elle rappelle que la colère peut faire des dégâts, troubler la paix, faire du mal aux autres et entraîner un sentiment de solitude et d’isolement. Bref, une émotion qui ne règle rien du tout.

La pandémie a-t-elle aiguisé les « Bêtes de la Fureur » chez bien des gens, petits et grands ? « C’est vrai que tout le monde est beaucoup plus à fleur de peau et ça en prend beaucoup moins pour enflammer la situation. Pour passer de 0 à 100, ça n’en prend pas beaucoup... », commente la psychologu­e.

« J’associe ça beaucoup au stress chronique auquel on est soumis depuis plusieurs mois. C’est comme si on n’a plus d’espace pour absorber des nouvelles imprévisib­ilités ou des nouvelles irritation­s. On est à fleur de peau constammen­t. »

En plus de noter que la retenue sociale est de moins en moins présente, Ariane Hébert voit des manifestat­ions typiques de la colère régulièrem­ent.

Elle recommande de faire une chose : s’interroger sur sa colère. « Bien canalisée, c’est une manifestat­ion qui a sa place. Mais questionne ce qui se passe en dedans de toi et demande-toi si c’est la bonne façon de réagir. Est-ce que ta réaction est adéquate ? »

« Quand tu identifies la source de ton sentiment, peut-être qu’il y a une façon beaucoup plus appropriée pour toi d’aller combler ton besoin. »

PRENDRE UN TEMPS D’ARRÊT

Avec ce livre, la psychologu­e cherchait à montrer, autant aux enfants qu’aux parents, qu’il faut s’arrêter et se demander d’où vient l’émotion de colère. « Déjà, en prenant ce temps d’arrêt, tu es moins dans la réaction. »

À la fin du livre, elle présente des stratégies pour désamorcer les crises de colère : la respiratio­n, la contractio­n musculaire, le fait de se retirer et de prendre un temps d’arrêt.

« L’idée, c’est de faire baisser la colère quand elle est là et bien installée et que l’enfant est super réactif. Mais si on ne réussit qu’à éteindre le feu... le feu est pris quand même ! Après, il y a tout un travail à faire pour enseigner aux enfants à identifier ce qui se passe quand ils sont en colère. »

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psychologu­e.
√ Elle a publié plusieurs ouvrages, dont Les émotions racontées aux enfants, L’anxiété racontée aux enfants et Le TDA/H raconté aux enfants.
√ Ariane Hébert est psychologu­e. √ Elle a publié plusieurs ouvrages, dont Les émotions racontées aux enfants, L’anxiété racontée aux enfants et Le TDA/H raconté aux enfants.

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