Le Journal de Montreal - Weekend

CHARLEBOIS LE CINÉPHILE

- MAXIME DEMERS

Robert Charlebois ne se fait jamais prier pour jaser de cinéma. Invité comme président d’honneur du 22e Festival du film de l’Outaouais, qui a débuté jeudi à Gatineau, le célèbre chanteur de 77 ans a toujours été passionné par le septième art, au point d’avoir lui-même déjà flirté, par moments, avec le métier d’acteur durant sa carrière.

On a tendance à l’oublier, mais Charlebois a joué dans une dizaine de films, sous la direction de cinéastes de renom (Michel Brault, Sergio Leone, Gérard Pirès) et aux côtés de grands acteurs comme Catherine Deneuve, Geneviève Bujold, Jeanne Moreau, Jean-Louis Trintignan­t et Sophie Marceau. Il aurait même pu en tourner davantage s’il n’avait pas refusé quelques offres alléchante­s afin de se concentrer sur sa musique.

« Après avoir tourné avec Sergio Leone [dans le western Un génie, deux

associés, une cloche], je pensais presque j’aurais des appels de Spielberg », lancet-il en riant.

« À la même époque, j’ai refusé une offre de Marco Ferreri, qui était un cinéaste assez spécial [on lui doit notamment La grande bouffe]. J’ai aussi dit non à Jean Becker pour un rôle dans L’été meurtrier, qui a finalement été donné à Alain Souchon. Son personnage de Pin-pon le pompier dans le film, c’est moi qui devais le faire ! J’avais dit “peut-être” à Becker, mais j’ai trop branlé dans le manche. Mais je n’ai pas de regret. Je n’ai aucun regret. »

Sur les plateaux de tournage qu’il a fréquentés, Robert Charlebois a eu la chance de côtoyer plusieurs grandes stars du cinéma français. Parmi les rencontres qui l’ont le plus marqué, il cite sans hésiter Catherine Deneuve et Jeanne Moreau.

« Deneuve est une femme extraordin­aire, qui est très drôle dans la vie aussi, souligne-t-il. Jeanne Moreau aussi m’a beaucoup impression­né. Et j’ai eu beaucoup de plaisir à tourner avec MiouMiou », détaille-t-il.

À L’ÉCOLE DU THÉÂTRE

Cette passion pour le jeu ne date pas d’hier. Au début des années 1960, Charlebois a étudié pendant trois ans à l’École nationale de théâtre, alors qu’il tentait en parallèle de lancer sa carrière de chansonnie­r.

« Je m’étais inscrit dans la section musique de l’École nationale de théâtre, mais comme j’étais le seul élève, ils m’ont dit que j’allais faire la musique des pièces qu’on montait, se souvient-il. J’ai donc monté des shows avec les élèves. Il y avait Louise Forestier, Nicole Leblanc, et plusieurs autres grands talents comme elles. Tout cela m’a amené vers le cinéma. Avant de terminer l’École nationale, je me suis retrouvé à avoir un petit rôle dans Entre

la mer et l’eau douce, le film de Michel Brault. C’était inespéré : Michel Brault et Pierre Perrault étaient des idoles d’adolescenc­e ! »

Par la suite, Robert Charlebois dit n’avoir « jamais fermé la porte au cinéma ». Encore aujourd’hui, il est prêt à tendre l’oreille si un cinéaste cogne à sa porte.

« Si quelqu’un me voit dans un rôle, je vais écouter, dit-il. Disons qu’un Denys Arcand, un Jean-Marc Vallée ou un Denis Villeneuve me dit qu’il me voit dans le rôle d’un tueur ou d’un politicien, je leur ferais confiance. Woody Allen a déjà dit : il n’y a pas de mauvais acteurs, il y a juste de mauvais castings.

Je pense que c’est très vrai. »

En attendant de se faire proposer peut-être un autre rôle au grand écran, le chanteur se prépare à relancer son spectacle Robert en Charlebois­Scope, début décembre, à la Salle WilfridPel­letier de la Place des Arts. Cette série de représenta­tions devait initialeme­nt avoir lieu en avril 2020, mais elle a été reportée à quelques reprises en raison de la pandémie.

Sans surprise, Charlebois a intégré beaucoup d’éléments et de références cinématogr­aphiques à ce spectacle musical, comme des projection­s sur un immense écran de 50 pieds de large installé en fond de scène.

« L’écran de cinéma peut servir à beaucoup d’autres choses que de diffuser des films, rappelle le chanteur. Dans

Charlebois­Scope ,ilyadeuxou­trois extraits de films dans lesquels j’ai joué qui fittent avec les chansons. J’ai réglé mes comptes avec le cinéma en ce sens qu’il devient un accessoire du sorcier de l’acteur et du show live .Ilsepasse toujours des choses sur l’écran qui sont en accord direct avec les yeux et les oreilles. Le cinéma a toujours été assez présent dans ma vie, mais il l’est plus que jamais avec ce spectacle. »

La 22e édition du Festival du film de l’Outaouais se déroule jusqu’au 29 octobre.

 ?? ?? Charlebois au moment du lancement de son spectacle Robert en Charlebois­Scope, il y a trois ans.
Robert Charlebois a joué son propre rôle dans le film québécois Gabrielle.
Robert Charlebois et Terence Hill dans le western Un génie, deux associés, une cloche, sorti en 1975.
Charlebois au moment du lancement de son spectacle Robert en Charlebois­Scope, il y a trois ans. Robert Charlebois a joué son propre rôle dans le film québécois Gabrielle. Robert Charlebois et Terence Hill dans le western Un génie, deux associés, une cloche, sorti en 1975.
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