Le Journal de Montreal - Weekend

CONFIDENCE­S PÈRE-FILLE

C’est sous le thème de la confidence que l’animatrice Kim Rusk a recueilli les propos de son père tant sur sa carrière de chanteur que sur celle d’entreprene­ur, pour en tirer une biographie.

- LOUISE BOURBONNAI­S Collaborat­ion spéciale

« Depuis des années, mon père nous racontait des anecdotes et on se disait qu’on devrait les écrire dans une espèce de recueil pour la famille », se souvient Kim Rusk. Mais c’est après qu’un journalist­e eut proposé à Patrick Zabé d’écrire sa biographie que le projet a commencé à germer de manière plus sérieuse, même si cette initiative a finalement avorté après deux chapitres, notamment en raison du confinemen­t. Les rendez-vous étaient devenus difficiles.

Néanmoins, Kim Rusk, qui a déjà écrit deux livres, tenait à poursuivre cette aventure. La pandémie, plus particuliè­rement le confinemen­t, a été le moment idéal pour amorcer le projet d’écriture de la biographie de son père.

« Cela m’a pris un an », lance-t-elle. « Comme je ne pouvais pas aller le voir, personne n’était encore vacciné et c’était trop risqué pour sa santé, on se faisait des Zoom .»

HUMBLE À LA MAISON

Pour Kim Rusk, cette aventure a eu l’effet à la fois d’une découverte et d’une révélation au point même de mieux se comprendre elle-même. Née en 1984, Kim Rusk n’a pas connu les années fastes de son père, puisque le plus fort de sa célébrité se situe entre les années 1960 et 1970. L’homme qui s’est fait connaître avec les chansons Agadou, Senor météo, Je bois de l’eau dans mon lit d’eau, C’qu’on est bien dans son bain était un homme humble à la maison qui évitait de raconter ses exploits.

« J’ai découvert que je ne connaissai­s pas mon père et je ne savais pas qu’il était une aussi grande personnali­té », confie l’auteure. « Je croyais qu’il avait vendu quelques albums et que le monde l’aimait, mais je ne savais pas que c’était une super star des années 70. »

Le livre se lit par thématique, il s’amorce à Québec, relatant le début de sa vie et on y raconte son entrée dans l’univers de la musique.

« Ce livre est un beau voyage dans les années 40, 50 », souligne l’animatrice.

Parmi la dizaine de chapitres, on compte le thème de l’amitié dont celle avec René Angélil, et divers chapitres racontent sa vie artistique, tant les disques que les émissions de télévision, dont Disco-Tourne, où l’on découvre un homme vivant de terribles tracs. Un autre chapitre est dédié aux trois femmes de sa vie. D’ailleurs, le père et la fille sont à l’aise de parler de relations amoureuses tant des grandes passions que des ruptures. « Mon père et moi on se dit tout et on est ouverts à parler de tout », affirme Kim Rusk.

Kim Rusk ne tarit pas d’éloges envers son père. « C’est un homme très intelligen­t, et sérieux dans tout ce qu’il fait », lance-t-elle. D’emblée, on comprend qu’il s’agit d’un homme ambitieux et très persévéran­t. « Il était très déterminé, avec beaucoup d’audace, et n’avait pas peur de défoncer des portes », ajoute-t-elle.

Patrick Zabé, dont le nom véritable est Jean-Marie Rusk, a pourtant connu de grands moments difficiles. On pense notamment à l’année 1968, tandis que sa carrière était à son apogée avec des tournées un peu partout, le chanteur a perdu son premier fils Martin, décédé à l’âge de neuf mois. Un chapitre lui est consacré. La plus grande souffrance de sa vie. « C’est un chapitre très touchant qui m’a fortement ébranlée pendant quelques mois; d’autant plus qu’aujourd’hui je suis maman. Je suis en mesure de comprendre », admet Kim Rusk.

UN BUSINESSMA­N

Des hauts et des bas, Patrick Zabé en a vécu. « Quand son petit garçon Martin est décédé, personne ne le savait. Ce n’était pas public. Il devait cacher ses émotions et pour aider sa femme à surmonter cette épreuve, il lui a ouvert une boutique de fleurs », révèle Kim Rusk.

Après la boutique de fleurs, il y a eu la boutique de bottes, puis sont venus les jeans avec la boutique Zabé. L’homme d’affaires pouvant travailler jour et nuit ne dormait que quelques heures dans l’un des back-stores. Résultat, neuf succursale­s ont été ouvertes en quelques mois.

Puis il y a eu le krach boursier. Ayant investi beaucoup d’argent, il a dû se résoudre à faire faillite. « Mon père a ensuite pris un peu de recul et il s’est relevé pour revenir encore plus fort. Il avait la fibre d’entreprene­ur et il avait aussi le don de bien s’entourer », fait remarquer l’auteure.

Kim Rusk comprend qu’elle a déjà marché dans les traces de son père ayant aussi la fibre d’entreprene­ure. « J’ai lancé ma gamme de maillots de bain, des lignes de vêtements sport, j’ai eu un restaurant, j’ai eu un magasin de lingerie, j’ai lancé un parfum et j’ai aussi produit une série Web », indique-t-elle.

Ce qu’elle comprend désormais, c’est qu’il faut aussi prendre le temps de vivre l’instant présent, car son père, aujourd’hui âgé de 79 ans, doit se battre contre la maladie de Parkinson, verdict qui est tombé en 2007.

« J’espère que l’on retiendra que mon père fait partie de ces gens qui ont fait une différence pour la culture musicale populaire. Que l’on aime ou pas Agadou ,il a marqué l’histoire de la musique québécoise », conclut-elle.

■ On peut entendre Kim Rusk à la radio Énergie 94,3 tous les matins du lundi au vendredi dès 5 h 30.

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Kim Rusk
Les Éditions La Semaine 240 pages
ZABÉ PAR RUSK Kim Rusk Les Éditions La Semaine 240 pages

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