Le Journal de Montreal - Weekend
L’ANNÉE KLÔ PELGAG
Le troisième album de Klô Pelgag, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, risque de marquer son époque. Nommé rien de moins que 16 fois aux trois galas de l’ADISQ – 11 Félix lui ont d’ailleurs été remis lors des deux premiers galas plus tôt cette semaine –, l’ambitieux projet musical de l’auteure-compositrice lui ouvre bien des portes ici et en Europe. Le Journal s’est entretenu avec la musicienne qui pourrait vivre une autre soirée glorieuse demain.
Étant donné que l’ADISQ ne fait pas de recensement officiel, on ne peut prétendre hors de tout doute que les 16 nominations de Klô Pelgag et son équipe constituent un record absolu cette année. Mais un travail de recherche mené par Le Journal, parmi les nommés du gala des 35 dernières années, place bel et bien la musicienne en tête.
Tout juste derrière, en calculant les catégories artistiques et industrielles, on retrouve les projets de Pierre Lapointe (2005) et Daniel Boucher (2000), qui avaient chacun reçu 13 nominations, pour le premier album de leur carrière. Daniel Bélanger, en 2002 pour Rêver mieux, et Ariane Moffatt, en 2003 pour Aquanaute, suivent avec respectivement 12 et 11 mentions.
Très humble, Klô Pelgag est loin de prendre la grosse tête avec ces distinctions.
« Je me sens chanceuse et privilégiée d’avoir la chance que mon album ait toute cette reconnaissance-là et soit remarqué », dit-elle d’abord.
« Ce qui m’effraie dans ce contextelà [d’un gala], c’est que tu es surexposée, ajoute-t-elle plus loin. Tout le monde a son avis. On dirait qu’il y a toujours des scandales chaque année. »
MESSMER ET LE GLAMOUR
Dans le cas de Klô Pelgag, sa plus grosse « controverse » au Gala de l’ADISQ est probablement celle de ses remerciements en 2014. Lauréate du Félix de la révélation de l’année, elle avait remercié… Messmer. Rien de plus. Mais à l’époque, cela avait fait réagir.
« Ouais, ce n’était pas si gros finalement [comme scandale]. Haha ! Les gens n’avaient rien vu encore. Ils étaient choqués pour rien. »
De son propre aveu, Klô Pelgag n’est pas de celles qui apprécient naturellement les soirées glamour. Elle ira au gala demain soir parce qu’elle est nommée, bien sûr, mais aussi parce qu’elle offrira une prestation avec ses musiciens.
« Je suis vraiment contente, dit-elle. Ça me donne une raison de plus d’y aller. Sinon, je trouve que c’est un contexte habituellement stressant. Ce n’est pas là où je me sens la plus à l’aise. »
LA CULTURE DU VIDE
Arrivée comme un petit ovni dans le paysage musical québécois en 2013, avec L’alchimie des monstres, Klô Pelgag a vécu la consécration cinq ans plus tard en étant sacrée interprète féminine de l’année. Dès lors, les projecteurs ne l’ont plus lâchée. Pour une artiste qui peut parfois sembler timide – du moins en entrevue –, quel rapport entretient-elle avec la célébrité ?
« Le vedettariat ne m’intéresse pas beaucoup, répond-elle d’emblée. Je n’irai pas faire des quiz, disons ! Je ne veux pas participer à l’impertinence, à la culture du vide. »
« Ça m’impressionne, les gens qui aiment être connus ou reconnus et qui sont à l’aise avec ça. Moi, je trouve que c’est une grande chance de faire de la musique [au lieu d’être comédienne ou animatrice]. Je ne suis pas toujours à la télé. Pour moi,
ce serait vraiment difficile à vivre. J’aime ça passer inaperçue. Ou du moins, avoir l’impression de passer inaperçue ! »
Comment réagit-elle quand quelqu’un la reconnaît à l’épicerie ? « Quand ça arrive et que les gens me demandent si je suis Klô Pelgag, je réponds : non, c’est qui, ça ? [rires] »
UNE QUESTION DE CONTEXTE
Quand on lui demande pourquoi elle est plutôt réservée en entrevue, alors qu’elle « explose » sur scène, Klô Pelgag répond qu’il s’agit d’une question de contexte.
« Je ne suis pas timide avec mes amis dans la vraie vie. Je ne suis pas du tout effacée quand je fais de la musique. Je prends les commandes etçasepasse.Mais dans des contextes où je ne suis pas à l’aise, je ne vais pas nécessairement me mettre de l’avant. »
« Je pense que j’ai toujours été un hybride entre les deux [timide et bruyante], poursuit-elle. Même enfant, j’étais vraiment énervée ! Je dérangeais la classe. J’avais mon pupitre dans le corridor parce que j’étais gossante ! J’aimais faire rire les autres. Mais d’un autre côté, si j’avais un cours de solfège, je n’aimais pas ça [et me refermais]. On est complexe dans la vie ! »