Le Journal de Montreal - Weekend

D’AMOUR ET DE SOCIÉTÉ

- SARAH-ÉMILIE NAULT

Son premier voyage en avion depuis la pandémie, Julien Clerc l’a fait pour venir au Québec. Un lieu que le chanteur de 74 ans garde près de son coeur et avec lequel il lui fallait reprendre contact rapidement. Pour discuter plus longuement de Terrien, son dernier album lancé en mars dernier, et pour laisser flotter le murmure d’une tournée québécoise prochaine.

Avec Patrick Bruel et Yves Duteil, Julien Clerc fait partie du trio de premiers grands artistes français à avoir traversé l’Atlantique pour nous rendre visite depuis la pandémie. Un retour qui allait de soi pour le chanteur qui s’est gardé, au fil des années, une place toute spéciale pour le Québec dans le coeur.

Terrien, son plus récent album paru en mars dernier a été composé avant, pendant et après la pandémie. Une période certes étrange, mais qui a peu bouleversé le quotidien de l’artiste se décrivant comme un être toujours un peu en confinemen­t.

« Un compositeu­r est toujours dans sa bulle avec son instrument, explique le chanteur né à Paris et dont la mère était originaire de la Guadeloupe. En temps normal, quand on a travaillé pendant 2 ou 3 heures, on sort dans la rue, on va se balader, alors que là, ce n’était pas le cas. J’ai beaucoup travaillé dans ma chambre, au casque, pour ne pas déranger tout le monde. De toute façon, je ne suis pas attaché à un endroit ou à une ambiance, du moment que j’ai un piano, ça va. »

Si quitter précipitam­ment Londres – la ville d’adoption du chanteur et de sa famille pendant 6 ans – à cause du Brexit et de la pandémie lui a fait du chagrin, cela n’a pas empêché l’interprète de Coeur de rocker de continuer les cours de chant et de livrer ce nouveau disque annoncé.

Un 26e album studio – et un 39e opus – auquel ont collaboré des artistes et paroliers issus de diverses génération­s comme Carla Bruni, Didier-Barbelivie­n et le rappeur Vincha, et un opus où les chansons « plus sociétales » sont pour une rare fois plus nombreuses que les chansons d’amour (elles parlent d’écologie, de dépression, de violences faites aux femmes ou se veulent un hommage aux enseignant­s).

NE RIEN TENIR POUR ACQUIS

Malgré le temps qui passe, les succès et les années de carrière qui s’accumulent – plus de 50 –, Julien Clerc confie avoir cette même impression de se retrouver au pied d’une grande montagne à gravir lorsqu’il amorce l’écriture d’un nouvel album.

« J’ai cette peur depuis les tout débuts, je me demande toujours : estce que je vais y arriver cette fois-ci, avoue celui qui a pu livrer quelques concerts l’été dernier. Je ne fais pas de la musique pour gagner ma vie : ça me permet de gagner ma vie, j’ai la chance d’en vivre, mais si je n’avais plus cette sensation de m’étonner moi-même quand je me mets derrière un clavier, je m’arrêterais. »

La plus grande fierté du compositeu­r-interprète derrière les succès Fais-moi une place, Ma préférence et Femmes... je vous aime ? Avoir su durer tout en restant créatif. Une « chance » qu’il croit devoir à tous les auteurs lui ayant permis de se renouveler musicaleme­nt à travers les années.

« Si je devais n’exister encore que sur mes anciens succès et revenir tous les 5 ans en scène, ça ne m’intéresser­ait pas, lance-t-il. Ce qui m’intéresse, c’est un artiste encore actuel qui est encore capable de créer. Il faut nourrir le tour de chant. Ce qui m’a fait faire ce métier, c’est l’amour de la musique et j’ai de la chance que ça puisse continuer.

La version inédite de l’album Terrien de Julien Clerc comprend 12 chansons et les maquettes de 6 chansons de l’album en version piano-voix.

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PHOTO CHANTAL POIRIER

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