Le Journal de Montreal - Weekend
ENQUÊTE AU COEUR D’UNE BOÎTE NOIRE
Que ce soit dans des films-catastrophes ou dans des thrillers d’action, Hollywood a souvent imaginé de grandes tragédies aériennes. Dans son polar Boîte noire, le cinéaste français Yann Gozlan s’est penché sur un autre aspect du monde de l’aviation civile en nous amenant dans les coulisses d’une enquête après un écrasement d’avion.
Quatrième long métrage de Yann Gozlan (Un homme idéal), Boîte noire s’amorce par un long plan-séquence saisissant, qui plonge le spectateur à l’intérieur du cockpit d’un avion, pendant un vol Dubaï-Paris. Alors que les pilotes semblent perdre le contrôle de l’appareil, la caméra nous fait lentement traverser tout l’avion pour nous amener jusqu’à l’enregistreur de vol, communément appelé boîte noire.
Que s’est-il passé pour que cet avion qui transportait 300 passagers s’écrase mystérieusement dans le massif alpin ? C’est Mathieu Vasseur (Pierre Niney), un jeune et talentueux technicien au BEA (l’autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l’aviation civile), qui est chargé de l’enquête.
Les premiers indices semblent mener vers la thèse d’un acte terroriste. Mais en découvrant quelques anomalies dans le contenu de la boîte noire, Mathieu s’apercevra qu’il y a anguille sous roche et que le constructeur de l’appareil et la compagnie aérienne semblent avoir des choses à cacher. Il décidera de mener sa propre investigation en secret, et à ses risques et périls.
Comme beaucoup de gens, Yann Gozlan a toujours été fasciné par ces fameuses boîtes noires, qui permettent aux enquêteurs de déterminer ce qui a pu provoquer un écrasement d’avion.
« On parle toujours des boîtes noires, chaque fois qu’il y a un crash d’avion, mais on ne sait pas à quoi elles correspondent dans la réalité », explique le cinéaste dans un entretien téléphonique accordé au Journal plus tôt cette semaine.
« Premièrement, elles ne sont pas du tout noires ! Elles sont plutôt de couleur orange, afin d’être plus facilement repérables dans les débris d’un écrasement. Je suis donc parti de cette idée de la boîte noire pour la mettre au centre d’un récit. Je voulais amener le spectateur dans cet univers que je trouvais fascinant. Il y a eu beaucoup de films qui ont été faits sur des catastrophes aériennes, mais il y en a eu très peu sur le milieu de l’aéronautique. Je trouvais que c’était un monde passionnant à montrer au cinéma. J’aime bien les films qui nous prennent par la main et qui nous plongent dans un monde méconnu pour nous en faire découvrir les coulisses. »
SOUCI DE RÉALISME
Pour s’assurer de dépeindre cet univers de la façon la plus réaliste possible, Yann Gozlan a rencontré plusieurs pilotes, mais aussi des membres du BEA (Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile), l’agence responsable des enquêtes de sécurité dans l’aviation civile en France. Si les constructeurs d’avions qu’il a contactés pour ses recherches n’ont pas donné suite à ses demandes d’entrevue, les gens du BEA lui ont ouvert leurs portes avec plaisir.
« Je me suis présenté à eux en leur disant que je voulais faire une fiction et que je n’étais pas intéressé à recréer un crash qui a déjà existé », indique Yann Gozlan.
« Je crois que le fait que je veuille faire une fiction les a rassurés. Mais je les ai aussi prévenus que je ne voulais pas que le film soit une science-fiction et que je tenais à ce qu’il soit très authentique dans la présentation des procédures. J’ai eu la chance d’avoir des entretiens avec de nombreux techniciens du BEA, d’aller voir dans leurs bureaux comment ils travaillaient et ainsi de m’imprégner de ce monde pour nourrir mon scénario. Même si les noms de la compagnie aérienne et du constructeur sont fictifs, les problématiques qu’on retrouve dans le film sont très réalistes. »
Boîte noire prend l’affiche le 12 novembre. Le film est aussi présenté ce soir et jeudi au Festival Cinemania.