Le Journal de Montreal - Weekend
AZNAVOUR, QUÉBÉCOIS DANS L’ÂME
Dans sa récente biographie, on apprend que c’est au Québec que le célèbre chanteur français, Charles Aznavour, a connu son premier grand succès, tandis qu’il était boudé par son public français. Depuis, une belle histoire d’amour s’est tissée entre Aznavour et le Québec.
Il se disait presque Québécois. C’est ce que révèle l’auteur Mario Girard qui s’est penché sur l’histoire qui unissait l’auteur-compositeur-interprète français et le Québec. « Il y a eu un véritable coup de foudre entre Aznavour et les spectateurs québécois », lance Girard qui voue une très grande admiration au chanteur français.
C’est après le décès de Charles Aznavour en 2018 que l’auteur et ancien chroniqueur culturel Mario Girard a eu l’idée d’écrire un livre sur Aznavour.
« Après avoir lancé la biographie sur Renée Claude, je me cherchais un sujet », confie-t-il. « Je savais que c’était une bonne histoire, mais je n’étais pas certain d’avoir suffisamment de matière pour écrire un livre », admet celui qui s’est ensuite lancé dans des recherches en fouillant dans les journaux de l’époque, tout en questionnant des proches du géant de la chanson française.
« Il y a plusieurs ouvrages biographiques en France sur lui, une bonne douzaine, et lui-même en a écrit au moins quatre, mais j’ai réalisé que l’on comptait très peu de contenu sur le Québec et Aznavour », explique l’auteur.
Sachant qu’Aznavour avait fait ses débuts à Montréal à la fin des années 1940 et qu’il a poursuivi ses spectacles au Québec jusqu’à sa mort, Mario Girard avait trouvé son angle, soit celui de la belle histoire d’amour entre l’artiste et les Québécois.
DES TÉMOIGNAGES TOUCHANTS
Pour écrire sa biographie, Girard a procédé à plus d’une trentaine d’entrevues téléphoniques (pandémie oblige) auprès d’artistes et amis qui ont accepté de se confier avec respect sur leur relation avec Aznavour. De ce nombre, on compte Robert Charlebois, Diane Dufresne, Mireille Deyglun, Lynda Lemay, Denise Filiatrault, Dominique Michel et son fils Mischa Aznavour.
« Ce livre se veut un hommage à Aznavour et à son histoire d’amour entre lui et le Québec, renchérit l’auteur. Il comparait le Québec avec l’Arménie, son pays d’origine, en les plaçant pratiquement sur le même pied d’égalité. »
Le chanteur aimait venir à Montréal avec des amis ou ses enfants pour leur faire découvrir son Montréal qu’il avait nommé cette Amérique où l’on parle un drôle de français.
« Pas seulement pour ses spectacles, mais aussi pour le plaisir », indique Mario Girard.
Si Aznavour affectionnait particulièrement le Québec, c’était en grande partie en raison de son premier succès et qu’il était reconnaissant envers les Québécois. Et si les Québécois appréciaient tant Aznavour, outre son talent indéniable, c’est qu’il y avait cette accessibilité entre lui et son public.
Pour l’auteur, Aznavour est un exemple de grand courage. Le titre du livre, Il se voyait déjà ! qui fait référence à sa chanson, Je m’voyais déjà, nous en révèle beaucoup sur l’homme.
« Même si, à ses débuts, on lui disait en France qu’il n’était pas fait pour ce métier, que sa voix était trop rauque, qu’il était trop petit, qu’il ressemblait à un crapaud, malgré tout ça, il se voyait déjà en haut de l’affiche et il savait qu’il allait réussir », souligne Mario Girard. « Je ne savais pas, avant d’écrire ce livre, qu’il avait eu autant de difficultés à ses débuts et je dédie ce livre à tous les jeunes artistes à qui on indique un autre chemin. »
Parmi la trentaine de distinctions d’hommage ou de prix que le chanteur français a reçus, on se souvient qu’en 2008, il a notamment été fait officier de l’Ordre du Canada. Encore aujourd’hui, il reste l’artiste international qui a présenté le plus grand nombre de spectacles au Québec.
√ Mario Girard est aussi l’auteur des livres
Les Belles-Soeurs – L’oeuvre qui a tout changé et la biographie de Renée Claude, Donne-moi le temps.
√ Il est également chroniqueur à l’émission Plus on est de fous, plus on lit ! sur ICI Première.