Le Journal de Montreal - Weekend
RÉFLEXIONS D’UN GRAND MÉLOMANE
Pour la première fois, Michel Tremblay offre des textes qui sont tous reliés à l’univers musical, que ce soit dans la chanson populaire ou dans le répertoire classique. Son nouveau livre,
Offrandes musicales, est une ode à la musique, une réflexion sur la création, un bijou finement ciselé traduisant l’importance de cet art dans sa propre création et dans sa vie quotidienne. De Brahms à Céline Dion, de Verdi à Barbara, il parle de musique, d’écriture, raconte sa vie d’écrivain et de mélomane. Pur bonheur.
Michel Tremblay a souvent fait entendre des airs de prédilection, en sourdine, dans ses récits. Cette fois, il raconte de manière savoureuse une douzaine de petits et grands bonheurs musicaux, quelques déceptions, et partage de nombreux souvenirs, de 1955 à nos jours. Un concert raté de Luis Mariano. Le dernier show de Céline Dion à Las Vegas – un triomphe. Le quatuor de Brahms qui l’a sorti d’un blocage, à New York, pour lui permettre d’écrire À toi pour toujours, ta Marie-Lou.
L’écrivain montréalais a rarement parlé de musique, en général. « Après mes trois livres de souvenirs sur le théâtre, le cinéma et la littérature, mes amis, qui connaissent ma grande passion pour la musique, me disaient toujours : Pourquoi t’écris pas un livre dans le même genre qu’Un ange cornu avec des ailes de tôle, sur la musique ? », explique-t-il.
« C’est drôle... J’avais peur de ne pas trouver les mots. J’aimais parler de musique, mais faire tout un livre avec des anecdotes de musique ? J’avais peur de ne pas trouver assez d’histoires intéressantes puis ensuite de ne pas trouver les bons mots. »
En revenant de Key West l’année dernière, il a eu envie d’écrire un texte sur ce qui lui était arrivé depuis le début de la pandémie, dans lequel il évoque l’opéra Madame Butterfly .«Je me suis dit... ah bien, je suis capable d’en parler ! »
En cherchant des sujets, il a décidé d’aller au-delà du répertoire de la musique classique, pour parler de tout ce qui est musical et qui l’a intéressé depuis son adolescence.
FOU D’OPÉRA
Michel Tremblay, fou d’opéra, a déjà écrit un libretto pour l’opéra Nelligan, pour André Gagnon, en 1988-1989. Il a aussi écrit quatre comédies musicales et écrit des chansons pour Pauline Julien, Monique
Leyrac.
« J’adore ça. Mais j’aime écrire des chansons qui font partie d’une histoire. J’ai de la difficulté à écrire une chanson toute seule. C’est pour ça que j’aime tant écrire des comédies musicales et que j’ai adoré Nelligan : chaque chanson, chaque air faisait partie d’une histoire, continuait une action, était un commentaire sur un fait ou une définition de personnage. Et j’adore ça ! »
DES TEXTES LYRIQUES
L’artiste est réputé pour la musicalité de ses textes, surtout ses pièces de théâtre. « C’est bien évident que ma grande passion pour la musique m’a amené à écrire une littérature qui est près de la musique. Par exemple, pendant une première, je disais souvent à mes acteurs : un pas de plus et mes personnages chanteraient ! Mais ils ne chanteront pas. »
« Beaucoup de monde parle souvent du lyrisme dans ce que j’écris et de la structure musicale de certaines de mes pièces de théâtre. Bonjour, là, bonjour, par exemple, est écrit comme une partition à huit voix. »
Michel Tremblay n’a jamais étudié la musique de manière formelle. « J’ai toujours voulu rester un amateur de musique, un mélomane. Aimer ça sans comprendre. La littérature, le cinéma, le théâtre, j’ai gagné ma vie avec ça, tandis que la musique, j’ai toujours gardé ça comme un mystère. Je peux rester fasciné devant la musique parce que je connais moins ça que les autres arts. »