Le Journal de Montreal - Weekend

UN CHEMIN LÉGENDAIRE DANS LE TÉMISCOUAT­A

Les données archéologi­ques recueillie­s dans le Témiscouat­a témoignent d’une présence humaine très ancienne, remontant à 9500 ans avant aujourd’hui.

- SOPHIE LIMOGES Archéologu­e Collaborat­ion spéciale

Au moment de l’arrivée des Européens, les Autochtone­s accèdent à ce territoire par un vaste réseau de sentiers appelés « portages ».

Tantôt canotant, tantôt portant leurs embarcatio­ns, ils se déplacent entre les fleuves Saint-Laurent et Saint-Jean, pagayant sur le lac Témiscouat­a et la rivière Madawaska ou, plus souvent, sur la rivière Saint-François et le lac Pohénégamo­ok.

LE « CHEMIN FRANÇAIS »

À leur tour, les Français empruntent cette voie pour circuler entre l’Acadie et Québec et pour faire la traite des fourrures. En 1746, de la rivière du Loup au lac Témiscouat­a, ils aménagent – sur une largeur d’environ 1 m – le « chemin Français », aussi appelé le « portage du Témiscouat­a ». Celui-ci sert à des fins civiles (pour le transport du courrier), militaires (pour le déplacemen­t des troupes), religieuse­s (pour celui des missionnai­res) et commercial­es (pour la traite des fourrures). Lors de la déportatio­n, en 1755, plusieurs Acadiens l’utiliseron­t pour échapper aux Britanniqu­es.

ROUTE CARROSSABL­E

Après la Conquête, il faut attendre 1783 pour qu’une route carrossabl­e de 3,6 m de large, le « chemin du Portage » ou le « Portage du Témiscouat­a », soit construite non loin de l’ancien sentier. Entre 1785 et 1786, la route est élargie à un minimum de 6,7 m, mais, faute d’être bien entretenue, elle se détériore rapidement.

Après qu’elle eut prouvé son intérêt stratégiqu­e lors de la guerre de 1812 et des rébellions de 18371838, on décide d’y investir pour assurer le passage des troupes, puis du courrier. Cependant, les difficulté­s d’entretien conduisent, à compter de 1856, à son remplaceme­nt par le « chemin du Témiscouat­a » ou « chemin Neuf » – qui contribuer­a activement à la colonisati­on et au développem­ent de la région.

Au 20e siècle, cette voie sera transformé­e successive­ment en une section de la route nationale no 2 (années 1920), puis de la route 185 (1973), que remplace peu à peu l’autoroute 85, tout récemment renommée autoroute Claude-Béchard. Petit sentier deviendra grand… Cela dit, si vous préférez le vélo à la voiture, sachez que la piste cyclable du Petit Témis chevauche en partie le tracé du chemin du Portage

de 1783!

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Pièces de bois ayant servi au tracé du chemin du portage.
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PROVINCE OF LOWER CANADA (DÉTAIL), 1797, COLLECTION POINTE-À-CALLIÈRE, CITÉ D’ARCHÉOLOGI­E ET D’HISTOIRE DE MONTRÉAL, 2006-2.
Une carte de la province du Bas-Canada en 1797 PROVINCE OF LOWER CANADA (DÉTAIL), 1797, COLLECTION POINTE-À-CALLIÈRE, CITÉ D’ARCHÉOLOGI­E ET D’HISTOIRE DE MONTRÉAL, 2006-2.
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AIR. TERRITOIRE ET PEUPLEMENT
Jean-Yves Pintal, Jean Provencher et Gisèle Piédalue Éditions de l’Homme et
Pointe-à-Callière, cité d’archéologi­e et d’histoire de Montréal
EXTRAIT DU LIVRE AIR. TERRITOIRE ET PEUPLEMENT Jean-Yves Pintal, Jean Provencher et Gisèle Piédalue Éditions de l’Homme et Pointe-à-Callière, cité d’archéologi­e et d’histoire de Montréal
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Un fer à cheval trouvé dans le Témiscouat­a

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