Le Journal de Montreal

Il découvre le camp de chasse calciné où son fils et son frère ont péri

- GeorGe KaloGeraKi­s et Valérie Gonthier Le Journal de Montréal

Un Cri parti en avion à la recherche de son fils, son frère et trois autres chasseurs portés disparus dans le Nord-duQuébec est celui qui a découvert leur camp de chasse calciné.

Sans nouvelle des cinq hommes, Jason Coonishish n’était pas du tout inquiet au début. «Je savais qu’ils étaient d’excellents chasseurs», a-t-il dit en entrevue avec Le Journal .

Les cinq hommes, David Jimiken, Emmett Coonishish, Chiiwetin Coonishish, Kevin Loon et Charlie Gunner, étaient partis chasser l’orignal et le castor.

Leur camp de chasse est situé à près de 200 kilomètres au nord de Mistissini.

Les chasseurs ont quitté leur communauté il y a une semaine en camion, jusqu’à ce que la route s’arrête. Ils ont ensuite fait cinq heures de motoneige. Ils devaient revenir il y a quelques jours.

« ON DOIt AttErrIr »

Inquiet de ne pas avoir de leurs nouvelles mercredi, le chef des pompiers de la communauté a demandé à Jason Coonishish et un pilote d’avion de brousse d’aller survoler le secteur où est situé le camp de chasse.

«Avec le pilote, nous avons fait trois fois le tour. Puis, nous avons remarqué que quelque chose avait brûlé. On a vu les débris et les motoneiges», a dit Jason Coonishish.

Sous le choc, le pilote voulait rentrer chez lui. «Je lui ai dit: “non, on doit atterrir”», a expliqué M. Coonishish.

L’avion s’est posé sur le lac Bussy et les deux hommes ont enfilé des raquettes pour se rendre au camp.

«Le camp était complèteme­nt détruit par les flammes», a-t-il décrit.

À l’extérieur, il n’y avait aucune trace de pas. Les cinq motoneiges étaient sur place. Ils se doutaient que les corps se trouvaient parmi les débris.

M. Coonishish et le pilote ont pris des photos. Ils n’ont rien touché, afin de ne pas nuire à l’enquête. Puis, ils ont contacté le chef des pompiers et les policiers.

MÈrE EFFONDrÉE

Avant de quitter la scène, M. Coonishish a aussi avisé la ligne d’urgence du départemen­t Cri de santé et de services sociaux, afin qu’ils préparent les familles.

À son retour à Mistissini en soirée, une centaine de personnes étaient regroupées sur le lac gelé où Jason Coonishish et le pilote ont atterri.

La conjointe de M. Coonishish, Rachel, l’attendait sur la glace. Il lui a alors annoncé que leur fils était décédé. «Elle s’est effondrée», a-t-il raconté. Chiiwetin Coonishish avait 22 ans et travaillai­t dans la constructi­on.

Jason Coonishish a deux autres fils, qui habitent en Ontario. Ils devaient se rendre à Mistissini hier, pour être près de leur famille.

«C’est très difficile. Je n’ai pas pu dormir de la nuit, a dit M. Coonishish. Je dois rester fort pour mes enfants, mes neveux et nièces, mais aussi pour ma femme, qui vit cela difficilem­ent.»

Les quatre autres victimes étaient bien connues dans la communauté crie. Emmett, le frère de Jason, travaillai­t dans le transport. Il avait six enfants et deux petits-enfants.

Charlie Gunner était policier pour le corps de police des Cris. David Jimiken travaillai­t dans la constructi­on pour Emmett Coonishish. Ces trois derniers, dans la quarantain­e, étaient des amis d’enfance.

La cinquième victime, Kevin Loon détenait un permis de trappe. Le trentenair­e travaillai­t également dans les mines de la région.

uNE prIÈrE

«Il s’agissait de cinq excellents chasseurs. Ils rapportaie­nt toujours de la nourriture pour leur communauté et les aînés», a dit Jason Coonishish.

Avant de quitter le site du drame mercredi, ce dernier et le pilote ont fait une prière. «Pour nous donner la force de continuer», a laissé tomber le Cri.

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jason coonishish Père et frère de victimes

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